Madrid, ville organique ?
Auteur : Serge BUJRésumé
L’auteur du plan d’aménagement de Madrid de 1946, Pedro Bidagor expliquait en 1942 les différentes orientations de son action en opposant ville organique et ville inorganique. Il affirmait que la ville répondait dans sa structure à des lois analogues à celles qui régissent le corps humain. L’opposition entre l’organique et l’inorganique était au centre de l’élémentaire dialectique philosophique du régime, au centre de son discours d’autojustification. Ce discours valait autant pour critiquer l’égalitarisme supposé de la géométrie et du modèle orthogonal de développement urbain que pour justifier la non-pertinence démocratique du suffrage universel. Par ailleurs, il devenait le principal argument justifiant le zonage urbain de Madrid, aussi bien en matière de spécialisation (zones résidentielles, zones d’activité, zones commerciales, etc.) qu’en matière de hiérarchisation sociale par l’habitat. Nous partirons de ce langage aux contours néoplatoniciens et de ses antécédents pour examiner ce que la ville de Madrid a vécu au cours de ses années de transformation majeure (1939-1975).
Pedro Bidagor, el autor del Plan de Ordenamiento de Madrid de 1946, justificaba en 1942 las diferentes orientaciones d su acción directiva oponiendo dos modelos de cuidad, la orgánica y la inorgánica, afirmando que en su estructura, la ciudad obedecía a leyes análogas a las del cuerpo humano. Lo orgánico vs. lo inorgánico era un concepto filosófico dialéctico central para el régimen, sobre todo en su discurso auto-legitimador. Este discurso valía tanto para criticar el supuesto igualitarismo de la geometría y del modelo ortogonal de desarrollo urbano como para descalificar la pertinencia democrática del sufragio universal. Se enarboló como argumento definitivo para justificar la constitución de zonas urbanas en Madrid, tanto en cuestiones de especialización de espacios (zonas de viviendas, zonas fabriles, zonas de comercio, etc.) como de jerarquización social por la distribución de viviendas. Partiendo de este lenguaje con perfiles neoplatónicos y de sus antecedentes, examinamos lo que se experimentó en Madrid a lo largo de los años de mayor transformación, 1939 / 1975.
L'auteur
Serge BUJ est professeur émérite de civilisation de l’Espagne contemporaine à l’Université de Rouen, membre du Laboratoire ERIAC. Il est spécialiste d’histoire des idées politiques et sociales de l’Espagne, plus particulièrement des phénomènes de réception pendant la période franquiste. Il est codirecteur de la revue Les Cahiers de Civilisation de l’Espagne Contemporaine (ccec.revues.org).
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DocumentPour citer l'article
Serge BUJ « Madrid, ville organique ? »,
Travaux et Documents Hispaniques / TDH, 6, 2015,
Madrid, traces et tracés (1950-2000)
© Publications Electroniques de l’ERIAC, 2015.