Corps, Espaces, Identités
Horaire : 9h 30-12h 30
Lieu : F 101
Nous vous invitons à participer à cette matinée de présentations et d’échanges autour de la thématique de l’axe 1 « Corps, Espaces, Identités ». À cette occasion, nous accueillerons deux collègues issus de disciplines différentes, Philippe Fontaine, philosophe à l’Université de Rouen, et Delphine Munos, spécialiste de littératures postcoloniales anglophones à l’Université de Liège.
Contacts : F. Cabaret et O. Louiset
9h30- Philippe Fontaine : « Corps- identité-espace »
Philippe Fontaine, Maître de conférences HDR à l’université de Rouen, est spécialiste de phénoménologie et d’esthétique. Il a publié de nombreux ouvrages de philosophie générale (éditions Ellipses) parmi lesquels : La Représentation. Les Figures de la réflexion (2001), La Croyance (2004), La Passion (2004), La Science (2006) , La Beauté (2008), Être jaloux, Paris, éd. Rue de l’Echiquier (2011). Ph. Fontaine a dirigé avec Ari Simhon : E. Lévinas, phénoménologie, éthique, esthétique et herméneutique (2007), éd. Le cercle herméneutique, Argenteuil.
Je me propose de montrer que les trois notions évoquées ici entretiennent une étroite relation dans laquelle le corps joue un rôle originaire et décisif : si le » corps propre » (il s’agit du corps vécu, « corps-sujet », par opposition au « corps objectif ») constitue un « ici » absolu à partir duquel les dimensions spatiales se laissent déterminer, il est également ce dont je ne peux en aucune manière me désolidariser, en sorte qu’il tient constitutivement à mon identité. Cette loi de corrélation entre le corps, l’identité et l’espace se vérifie dans les affections psychopathologiques, singulièrement dans la psychose, où le malade, percevant son corps comme « morcelé », ne sait plus différencier l’intérieur de l’extérieur, et se trouve confronté à un monde qui lui apparaît comme étranger, hostile, totalement déstructuré. C’est l' »inquiétante étrangeté » (die Unheimlichkeit), repérée par Freud, et génératrice d’une importante dose d’angoisse.
Du corps à l’espace et à l’identité, la conséquence est bonne : le rapport à l’espace est rigoureusement déterminé par la structure de l’image du corps, elle-même condition d’une construction identitaire réussie, garante, en dernière instance, de l’accession du sujet à la « normalité » psychique.
10h30- Delphine Munos : « Perte fantôme et refiguration de la subjectivité diasporique de la seconde génération dans l’oeuvre de Jhumpa Lahiri »
Delphine Munos enseigne à l’Université de Liège (Belgique) et est chargée de recherches au FRS-FNRS (Fonds de la Recherche Scientifique). Elle a publié dans les domaines des littératures américaines, postcoloniales, ainsi que dans le champ des études culturelles de l’Asie du Sud-Est. Ses plus récentes publications incluent After Melancholia: A Reappraisal of Second-Generation Subjectivity in the Work of Jhumpa Lahiri (Rodopi, 2013) et « Mapping Diasporic Subjectivities » (2013), un numéro spécial de la revue South Asian Diaspora dont l’édition scientifique a été coordonnée avec Prof. Mala Pandurang.
Dans « Unaccustomed Earth » (« Sur une terre étrangère »), son dernier livre, et en particulier dans «Hema and Kaushik », la trilogie qui constitue la deuxième partie de ce recueil de nouvelles, l’écrivain bengali-américain Jhumpa Lahiri aborde l’installation de la seconde génération indo-américaine dans l’âge adulte en interrogeant les notions stéréotypées de transmission et d’héritage.
Ma recherche doctorale (et la monographie qui en est tirée), partent du postulat que, contrairement aux théories d’hybridité culturelle selon lesquelles la seconde génération est définie par sa propension à hériter du ‘meilleur des deux mondes’, pour Lahiri, ce qui est transmis d’une génération à l’autre a davantage à voir avec le négatif, qu’avec le positif, c’est-à-dire, avec les catégories du creux, de l’absence, et du non-dit – en bref avec la ‘perte fantôme’ hantant les rapports intergénérationnels.
Durant cette matinée, je présenterai les différentes étapes de ma lecture critique de « Hema and Kaushik », qui sont jalonnées par des approches complémentaires empruntant principalement à la psychanalyse, au concept de ‘post-memory’ (Marianne Hirsch), et au gothique.
11h30 : débats.
12h30 : clôture de la matinée