Les sites de la grammaticalisation en basque
Horaire : 16h30-18h
Lieu : A 600 Salle de l'ERIAC
Didier Bottineau, Université Paris X.
Le basque présente au moins deux caractéristiques défavorables à l’apparition de faits de grammaticalisation. D’une part, l’agglutination d’éléments formateurs permet la formation de complexes morphologiques, tant en morphologie verbale (temps, modes, aspect, modalité) que nominale (détermination, relations syntaxiques), dont la productivité et la cohérence ne laisse guère de place à l’incorporation d’éléments issus du lexique comme on l’observe dans les langues romanes avec la morphologie du futur ou du conditionnel. D’autre part, les marqueurs grammaticaux extérieurs au verbe sont habituellement des postpositions de portée syntagmatique, alors que les relations entre classes de mots lexicaux (noms, adjectifs, adverbes) se jouent à l’intérieur de ces syntagmes : le basque est hautement modulaire, distinguant clairement un niveau intrasyntagmatique où se jouent les rapports lexicaux d’un niveau intersyntagmatique où se jouent les relations morphologiquement marquées. Ces facteurs apparaissent a priori comme des obstacles à la perméabilité lexique / grammaire qui fonde les processus de grammaticalisation (ou, dans le cadre guillaumien, résulte des processus de dématérialisation et de subduction).