L’humain et ses limites. Penser la finitude humaine : perspectives contemporaines

Date : 20 janvier 2025
Horaire : 09h30-17h00
Lieu : UFR LSH | Bât. Robespierre | Salle F506 | Mont-Saint-Aignan

La question des limites de l’humain constitue l’un des fils rouges de l’histoire de la philosophie, depuis les premières réflexions aristotéliciennes sur la perfectibilité humaine jusqu’aux analyses contemporaines de notre rapport à la technique et à la nature. Si Kant a profondément transformé notre compréhension de la finitude, en faisant de la limite non plus une simple borne négative mais une condition positive de la connaissance, l’époque contemporaine se trouve confrontée à une double tension : d’une part, l’héritage critique kantien qui pose la finitude comme constitutive de la raison humaine ; d’autre part, le développement spectaculaire des sciences et des technologies qui semble promettre un dépassement inédit de nos limitations naturelles. Ces questionnements philosophiques sur les limites de l’humain trouvent un prolongement significatif dans la littérature contemporaine, comme en témoigne l’œuvre de Colson Whitehead. Sa reconfiguration du genre post-apocalyptique dans Zone One (2011) propose une réflexion ontologique sur la porosité des frontières entre l’humain et le non-humain, et interroge ainsi les fondements mêmes de notre compréhension de la condition humaine et de ses limitations intrinsèques.

La notion de limite, centrale dans l’histoire de la métaphysique, se trouve ainsi profondément questionnée aujourd’hui. En quoi la représentation de la catastrophe zombie permet-elle de repenser les limites de l’humain à l’ère post-apocalyptique ? Comment penser les limites de l’humain après les catastrophes d’Auschwitz et d’Hiroshima et la remise en cause radicale de la métaphysique traditionnelle qu’elles impliquent ? Comment concilier, d’un point de vue épistémologique, l’immensité de la nature finie et les conditions limitatives de la connaissance humaine ? Enfin, en quoi la reconnaissance de notre finitude peut-elle nous aider à repenser notre rapport à la nature, à la technique et à la science ?

Cette journée d’études se propose d’explorer différentes conceptualisations de la finitude humaine à travers quatre perspectives contemporaines. Ce parcours permettra d’interroger comment la métaphysique occidentale, dans son projet même de dépassement des limites de l’expérience sensible, s’est constamment heurtée à la question de la finitude, jusqu’à sa remise en cause radicale par la philosophie post-métaphysique du XXe siècle et la littérature postapocalyptique du XXIe siècle.

Journée d’étude organisée par Lucie Wezel, professeure agrégée et docteure en philosophie (Université de Rouen Normandie, ERIAC).

PROGRAMME

09h30Accueil des participants

09h45 — Mots introductifs

10h00Session 1 – littérature postapocalyptique

  • Yves Gardes (Université de Rouen Normandie, ERIAC), « Liminalité ontologique et répétition mécanique : les frontières de l’humain au prisme des stragglers dans Zone One »

10h45Pause

11h00Session 2 – La technique comme destin

  • Christophe David (Université de Rennes II), « Il était une fois une anthropologie qui regardait l’humain comme “non fixé” et se vit limitée dans ses prétentions philosophiques par une époque proclamant l’obsolescence de cet humain “non fixé”… »

12h15 Pause déjeuner

14h00Session 3 – Penser après la catastrophe

  • Lucie Wezel (Université de Rouen Normandie, ERIAC), « La crise de la métaphysique depuis Auschwitz : Adorno face aux limites de l’humain »

15h15Pause

15h30Session 4 – Perspectives épistémologiques contemporaines

  • Franck Varenne (Université de Rouen Normandie, ERIAC), « Immensité de la nature finie et conditions limitatives de la connaissance humaine : approche matérialiste et naturaliste des nouvelles finitudes »

16h45 — Mots conclusifs et fin de la journée d’étude.