L’appellativisation du prénom : aspects sémantiques et culturels
Horaire : 16h30-18h00
Lieu : UFR LSH | Bât. 3 | Salle A600 | Mont-Saint-Aignan
Vincent BALNAT, maître de conférences en linguistique allemande, Département d’études allemandes, Université de Strasbourg
Le passage du nom propre au nom commun, phénomène bien connu dans le domaine des noms de famille (poubelle, silhouette, watt), est moins souvent étudié dans celui des prénoms, où il est pourtant attesté, en français comme en allemand, depuis le XIIe siècle. En passant dans la catégorie du nom commun, le prénom perd sa fonction d’identification, de référence immédiate, pour devenir un mot signifiant, qui renvoie à une classe d’objets (madeleine, grüne Minna ‘fourgon de police’) ou d’humains (catin, jean-foutre, Heini ‘abruti’, Tussi ‘nana’).
Cette communication portera sur quelques aspects abordés par Vincent Balnat dans son étude sur l’appellativisation du prénom en français et en allemand du XIIe au XXIe siècle (2018, Tübingen). Après avoir présenté son approche méthodologique, Vincent Balnat exposera les principaux résultats obtenus. Il se concentrera sur quelques aspects sémantiques, liés notamment à la nature linguistique particulière du prénom et à l’évolution de la signification qui lui est attribuée, tout en insistant sur le rôle des facteurs extralinguistiques – historiques et socioculturels – lors de l’émergence de la signification. Il terminera par quelques réflexions sur la productivité, passée et actuelle, de ce phénomène bien particulier qu’est l’appellativisation du prénom dans les deux langues.
Vincent Balnat est maître de conférences en linguistique allemande au Département d’études allemandes de l’université de Strasbourg depuis 2009 et habilité à diriger des recherches depuis 2017. Dans ses travaux, il s’intéresse essentiellement au lexique du substandard et à ses influences sur l’évolution actuelle de la langue allemande et française. Auteur d’une monographie sur les mots brefs en allemand contemporain (Kurzwortbildung im Gegenwartsdeutschen, Hildesheim, Zurich, New York : Olms, 2011) et d’une sur les déonomastiques issus de prénoms (L’appellativisation du prénom. Étude contrastive allemand-français, Tübingen: Narr, 2018), il a également publié des articles sur le phénomène de la brièveté linguistique, l’emprunt, les normes de l’écrit et de l’oral dans les formes de communication numérique et l’histoire des théories linguistiques. Depuis 2018, il dirige, avec Christophe Gérard, la revue Neologica (éd. Garnier, Paris).