Enseigner les langues anciennes à l’ère digitale : apprendre par et pour les Humanités numériques ?
Les « Classics » ont une place importante au sein des Digital Humanities et, en France même, les « langues et cultures de l’Antiquité » ou les « sciences de l’Antiquité » commencent également à avoir leur part dans le développement des Humanités numériques : des projets toujours plus nombreux sont proposés et mis en oeuvre, en particulier en matière d’édition électronique. Cet élan a commencé aussi à se concrétiser au niveau des formations universitaires, avec la mise en place de plusieurs masters d’humanités numériques où les LCA sont partie prenante. Cela n’est cependant pas possible partout ; une méfiance ou en tout cas une distance s’observent encore parfois vis-à-vis de pratiques et de méthodes qui semblent alors trop modernes, trop différentes, impossibles à mettre en oeuvre par un plus grand nombre, voire qu’il serait inutile de faire mettre en oeuvre par un plus grand nombre. Or, d’abord en ce qui concerne l’argument de la distance, de la trop grande différence entre les préoccupations et les usages des antiquisants et ceux que supposent les humanités numériques, de très nombreux cas pourraient prouver à quel point les compétences acquises dans les cursus de LCA facilitent, en quelque manière, le développement de compétences en HN (et peut-être plus précisément en informatique – si l’on considère que les HN n’existent pas en soi, mais dans l’interaction avec des disciplines et des objets « d’humanistes »). À l’occasion de cette journée d’études, nous voudrions commencer par donner la parole à des témoins de ce lien profond ou de cette évolution possible dans un parcours universitaire et professionnel. S’il est vrai que la logique, la rigueur, l’attention au détail, le travail sur la syntaxe, sont nécessaires tant pour l’étude de la langue et des textes antiques que pour le maniement des langages informatiques, nous voudrions réfléchir à la question suivante : comment concevoir des méthodes pédagogiques permettant à l’une et à l’autre de ces disciplines de se renforcer mutuellement ? De fait, nous voudrions nous interroger sur des moyens concrets d’intégrer les HN – ou certains aspects des HN – plus en amont dans le cursus universitaire (dès la licence) et sur les bienfaits qu’il est possible d’en retirer : comment, par exemple, une initiation à l’encodage des textes latins ou grecs en XML-TEI peut-elle venir renforcer la compréhension de ceux-ci, à la fois sur le plan linguistique (en stimulant l’apprentissage des techniques de traduction, appréhendées différemment) et philologique (en rendant sensibles les enjeux d’un travail d’édition) ? Plus généralement, quels autres outils peuvent être utilisés pour travailler sur la traduction et l’analyse grammaticale, et pour introduire les étudiants à des manières nouvelles d’étudier les textes en classe ?
Vendredi 24 mars 2017
09h30 – Accueil
09h45-10h15 – Introduction, Séverine Clément-Tarantino (Université de Lille), Charlotte Tournier (Université de Lille) et Mélanie Lucciano (Université de Rouen)
10h15-10h45 – Petit panorama des usages du numérique dans les cours de LCA du Secondaire, Clémence Coget (Lycée Raymond Queneau, Villeneuve d’Ascq) et Marjorie Lévêque (Collège Léonard de Vinci, Carvin)
Discussion et pause
11h30-12h00 – Enseigner par et pour le numérique : un enjeu pour les futurs enseignants de LCA ?, Magdeleine Clo-Saunier (Université Grenoble-Alpes)
12h00-12h30 – La pédagogie du numérique et par le numérique pour les textes grecs, littéraires et épigraphiques : la dynamique internationale Sunoikisis Digital Classics, Michèle Brunet (Université Lyon 2)
Discussion
Déjeuner (buffet)
14h00-14h30 – Réflexions sur un début d’expérience : jusqu’à quelle étape de l’apprentissage d’une langue ancienne le numérique peut-il être utile ?, Séverine Issaeva (Université de Lille)
14h30-15h00 – Expérience d’apprentissage du latin en licence Humanités via le numérique, Bruno Bureau (Université Lyon 3) et Aliénor Cartoux (Université Lyon 3)
Discussion et pause
15h45-16h15 – The Future of the Past: Studying the Classics in the Digital Age, Alice Borgna (Università degli Studi del Piemonte Orientale)
16h15-16h45 : Conclusion, Aurélien Berra (Université Paris-Ouest Nanterre-La-Défense)
Discussion