Les figures du monstre dans la littérature mexicaine contemporaine (XXe-XXIe siècles) : héritage, intertextualité et invention
Horaire : 14h00-18h00
Lieu : UFR LSH | Bâtiment 3 | Salle du Conseil | Mont-Saint-Aignan
Soutenance de thèse de M. Cédric DUHAMEL
« Les figures du monstre dans la littérature mexicaine contemporaine (XXe-XXIe siècles) : héritage, intertextualité et invention »
Jury :
Erich FISBACH (Université d’Angers ; rapporteur)
Fabrice PARISOT (Université de Perpignan ; rapporteur)
Marie-Agnès PALAISI (Université de Toulouse Jean Jaurès ; examinatrice)
Miguel OLMOS (Université de Rouen-Normandie ; examinateur)
Marie-José HANAÏ (Université de Rouen-Normandie ; directrice de recherche)
Résumé : Le sujet de ma thèse est « Les figures du monstre dans la littérature mexicaine contemporaine (XXe-XXIe siècles): héritages, intertextualité, invention».
Notre étude entend interroger le monstre, qui est un sujet immensément vaste. Il intrigue et fascine : il a été étudié par de nombreux auteurs, disséqué et analysé par divers chercheurs, et abondamment mis en scène dans des oeuvres littéraires. Il reste pourtant mystérieux, indéfinissable : il est par exemple difficile d’ignorer que nous retrouvons des monstres étrangement similaires dans des cultures éloignées, sans aucun contact aussi bien temporellement que géographiquement. La présence de monstres semblables à des reptiles ou à des oiseaux, ou encore un mélange des deux comme le dragon, ou même l’existence de figures vampiriques est commune à de nombreuses cultures et ne peut qu’interpeller.
Mais si l’étude des monstres, la tératologie, est florissante dans de nombreux pays, nous constatons que cet engouement paraît être moins partagé lorsqu’il touche la littérature mexicaine contemporaine car les monstres y sont moins analysés. Ils y sont pourtant présents et même nombreux, et leur étude ne peut être qu’enrichissante si l’on espère en avoir une meilleure compréhension. Certains auteurs, proposent néanmoins des recueils de légendes ou même des dictionnaires de créatures étranges issues du folklore mexicain, sans pour autant les analyser ou les comparer à d’autres créatures similaires évoluant dans d’autres cultures. Nous les utiliserons pour une grande partie de notre travail qui consiste à proposer un regroupement et une catégorisation des figures du monstre du folklore mexicain. Il s’agit d’une étape indispensable si l’on veut le comprendre tel qu’il est perçu dans la croyance populaire et comment il est ensuite réutilisé par les auteurs d’œuvres fictionnelles. La littérature mexicaine contemporaine nous propose en effet un panel de monstres assez hétéroclite et étendu que nous pouvons étudier sous un éclairage nouveau grâce à des auteurs comme Carlos Fuentes, José Luis Zárate, Homero Aridis, et Guadalupe Nettel.
Étymologiquement controversé, difficilement catégorisé, le monstre est inscrit dans un imaginaire populaire collectif partagé d’abord oralement, puis passé à l’écrit, et ainsi transmis en héritage aux générations futures. L’écriture littéraire s’inspire de cet héritage et se crée un échange, une forme d’hypertextualité, entre l’imaginaire collectif présent dans les mythes et légendes, et l’imaginaire individuel de l’auteur par le biais de ses œuvres de fiction. Ce dernier réactive ces sources et même les modifie, les actualise. Il ne faut pas négliger en effet cette part de liberté du texte littéraire et nous nous proposons de déterminer à travers ces jeux d’écriture et ces inventions, les enjeux de ces figures du monstre dans la littérature mexicaine. Par ailleurs, nous ne pouvons ignorer que l’intertextualité est aussi présente entre les fictions mexicaines et celles du reste du monde, qui s’alimentent entre elles et modifient le monstre. Cet échange
perpétuel, ces fluctuations constantes, nous invitent à proposer une analyse littéraire comparatiste lorsque celle-ci sera possible. L’idée du monstre est mouvante et l’objet de notre recherche devient de plus en plus difficile à comprendre. Cette insaisissabilité du monstre, entre héritage, invention et intertextualité, nous accompagnera tout au long de notre travail et si nous voulons en comprendre la raison, nous devons revenir à ses origines : qu’est-ce que le monstre et d’où vient-il ?