2 – Formes, expériences, interprétations

Responsables : A. Besnault (11e) & K. Winkelvoss (12e)

Participant·e·s : G. Bardascino (14e), C. Baroin (8e), A. Besnault (11e), P. Brunet (8e), M. Deramaix (8e), B. Douglas (11e), V. Douglas (11e), Y. Gardes (11e), I. Gassino (8e), A.-F. Gillard-Estrada (11e), C. Lamiot (11e), M. Lucciano (8e), M. Martinez (11e), C. Marion-Andres (14e), O. Monthéard (11e), M. Olmos (14e), M. Schonbuch (14e), A.-L. Tissut (11e), M. Torres (14e), A. Vial-Logeay (8e), G. Vagenheim (8e), K. Winkelvoss (12e) ; Emérite : F. Rétif (12e) ; Associé·e·s : G. Del Noce (U. Naples, 8e), S. Faubert (U. du Havre, 14e), D. Kasprzyk (U. de Brest, 8e), S. Lascaux (U. du Havre, 8e), A. N. Muikilu (Kinshasa, littérature), G. de Rosny (8e), H. Richer (8e), C .Vignali (U. de Savoie, 14e), L. Schirm (8e), L. Volna (litt. anglophone et tchèque)

L’axe 2 entend prolonger la dynamique qui est la sienne depuis plusieurs années en approfondissant les questions essentielles que sont la forme littéraire, l’expérience du sujet et l’interprétation de l’oeuvre, l’idée centrale demeurant l’interaction entre le texte et le sujet. La continuité même de la démarche ne va pas sans une légère reconfiguration au sein de l’axe : les deux premiers pôles, intitulés respectivement dans le contrat actuel « le sujet de la littérature » et « l’oeuvre littéraire en contexte », se regroupent pour constituer un pôle « sujet, littérature, contexte ». En effet, les questions touchant à la construction du sujet, à la dimension subjective, à l’expérience individuelle et à l’économie des émotions sont, précisément, intimement liées à des contextes littéraires et historiques, culturels et sociétaux. Ce constat, malgré sa valeur d’évidence, n’en est pas moins passionnant par les difficultés qu’il soulève dès lors qu’il s’agit de rendre compte, au-delà d’un discours général sur les influences et les causalités, de la complexité des dialectiques à l’oeuvre entre l’individuel et le collectif, l’intime et le politique. Dans cet esprit, les recherches en cours sur la constitution et la déconstruction des modèles de genre (« Corps, normes, genres ») seront poursuivies dans les champs les plus divers : travaux sur le corps grec dans la peinture britannique de la fin du 19è siècle (Gillard-Estrada) ; les normes du corps, la présentation de soi, la beauté et la laideur dans l’Antiquité (Baroin) ; la marge et l’entre-deux dans le roman Young Adult au 21è siècle (Douglas). Les enjeux politiques de la construction du sujet apparaissent comme une thématique nouvelle, émergente, qui se dégage de plusieurs projets issus d’horizons disciplinaires divers, portant par exemple sur la construction et l’expression du sujet et l’engagement politique chez les poétesses du romantisme britannique (Monthéard), sur l’in-discipline poétique (poétique et résistance, poétique et résilience, poétique et soulèvement) (Gardes), ou sur l’« éducation sentimentale » du sujet politique (Winkelvoss). Quelle que soit la période ou l’aire culturelle sur lesquelles elles portent, ce n’est pas par hasard que ces questions sont réinterrogées aujourd’hui, et c’est aussi sur le monde actuel qu’elles portent, même indirectement. Ainsi, un projet comme celui sur le « retour à la nature : les actualités du romantisme » (Gardes) s’impose à l’heure où le changement climatique ramène au centre 

du débat l’attention sur la relation de la société civile avec la nature. Pour comprendre en effet les enjeux de ces questions actuelles, rien n’est plus éclairant que d’étudier la manière dont elles ont été posées, par exemple, à l’époque romantique, en Allemagne, au Royaume-Uni ou aux États-Unis. De manière générale, les recherches littéraires ainsi entendues mènent une réflexion spécifique sur des sujets fondamentaux de notre propre présent, car la littérature contribue à forger et à interroger les représentations qui fondent le point de vue que l’on porte sur le réel – qui, on le sait, n’est jamais donné, mais construit par des concepts, des métaphores, des récits. Attentifs aux questions qui se posent au présent, les chercheurs sont aussi à l’écoute des auteurs contemporains, français ou étrangers (notamment nord-américains), qu’ils traduisent, critiquent, éditent et invitent (Tissut, Lamiot), afin de les faire découvrir aux étudiants et jeunes chercheurs, mais aussi au public extra-universitaire. La littérature ‘en train de s’écrire’ contribue à sensibiliser aux rôles des différents acteurs du texte et aux relations qu’ils entretiennent, de l’auteur au lecteur, et permet d’observer comment se constituent des figures d’individus-sujets. 

Le deuxième pôle, « Voix, scènes, rythmes », dont l’intitulé reste inchangé, poursuivra ses travaux à la fois en termes de recherche, sur le théâtre antique (Brunet) ou celui du Siècle d’or espagnol (Torres, Marion-Andrès), sur la voix et la vocalité (Olmos). L’expérience de toute oeuvre est en effet renouvelable grâce à ses interprétations successives, qu’il s’agisse de relectures, de performances, de représentations, de vocalisations, de mise en scène, avec toutes les possibilités qu’elles offrent, avec ou sans changement de support (de la voix à l’écrit, au lyrique ou à l’image ; de l’écrit à la scène, au cinéma ou à l’enregistrement). D’un autre côté, l’expérience littéraire se trouve également à l’origine d’autres textes : discours critiques d’une part, nouvelles productions littéraires d’autre part, parfois par le biais d’une hybridation créatrice des formes et des genres. Ce pôle étudiera donc la performance et la représentation dans différents genres et répertoires relevant du spectacle vivant (poésie, théâtre, danse) ou transcrites sur des supports enregistrés ou issus d’une élaboration secondaire (chanson, cinéma etc.), sans exclure l’étude rythmique (prosodie, chorégraphie, scénographie, etc.). 

Le troisième pôle enfin, « Humanités, traduction, édition numérique », sera à la fois resserré par rapport à l’intitulé du dernier contrat (où figuraient aussi les termes d’interprétation et de critique, trop communs à tous les pôles pour être attribués à un seul) et étendu à la notion de numérique, elle aussi transversale, mais qui, au sein de l’axe 2, s’annonce particulièrement dynamique dans le domaine de l’édition numérique, notamment de textes antiques (Auvray-Assayas, Lucciano). Les formes classiques de l’édition et de la traduction, dans le sillage de la tradition humaniste, XVIIe-XVIIIe siècles (Martinez), ou celle des XXe et XXIe siècles (Tissut, Lamiot), les traductions étant – on l’oublie parfois – le plus souvent notre seul accès aux textes de la littérature mondiale, et centrales pour qui a le souci de la diffusion et de la transmission. 

Nous listons ci-dessous les projets concrets des chercheurs de l’axe 2, qui témoignent du souci accru de valorisation et d’intégration dans des réseaux de recherches internationaux, selon les recommandations du dernier rapport HCERES. Par ailleurs, on trouvera diverses initiatives qui relèvent de la priorité que l’ERIAC souhaite accorder à la formation des doctorants et à l’animation de la recherche.