Esthétique de la réserve dans l’œuvre de Brian Evenson
Horaire : 14h00-18h00
Lieu : IRIHS | Salle 2 | Mont-Saint-Aignan
Soutenance de thèse de Mme Maud Bougerol« Esthétique de la réserve dans l’œuvre de Brian Evenson »
Jury :
- Monsieur Marc AMFREVILLE (Université Paris-Sorbonne)
- Madame Sylvie BAUER (Université Rennes 2)
- Madame Anne-Laure TISSUT (Université de Rouen Normandie, directrice de thèse)
- Madame Anne ULLMO (Université de Tours)
Résumé : Ce travail de thèse a pour objectif d’étudier l’une des modalités particulières de la réception de l’œuvre de Brian Evenson : la réserve. A la lecture de l’œuvre de Brian Evenson, des béances apparaissent, signes d’un évidement d’une partie du texte antérieur au début du récit. Le lecteur fait alors l’expérience du manque. En quête d’un tout qui serait à reconstituer, ainsi que d’une unité rassurante et pourtant si illusoire, le lecteur entreprend de tenter de combler les creux du texte grâce à son imagination. Il produit des interprétations, mais celles-ci reposent sur des univers qui apparaissent comme déréférencés, et dont les points de repère s’effacent. Il fait ainsi une expérience de lecture de l’incertitude, tant les univers présentés par le texte sont instables, criblés d’anomalies linguistiques. Ses interprétations sont aussi source d’équivoque, mettant ainsi en échec de manière permanente toutes ses tentatives de résolution. Or, ces trébuchements successifs sont aussi facteurs de l’expression d’une prolifération interprétative qui fait retentir celle, diégétique et linguistique, qui est à l’origine des ambiguïtés du texte. Ainsi, l’échec des tentatives du lecteur de suppléer au manque donne lieu à un deuxième temps de l’expérience de lecture, au sein de laquelle il est invité à faire résonner, dans la chambre d’écho que constitue l’œuvre, toutes les potentialités du texte. Le lecteur produit ainsi, au moyen de son imagination, une forme d’excès au texte qui vient suppléer, par substitution, celui qui ne s’écrit plus qu’en creux des espaces blancs. La prolifération langagière et le jaillissement perpétuel du sens que ce nouvel excès autorise assurent une expérience de lecture du foisonnement qui se superpose à celle, initiale, de la perte.