Tragique et comique liés, dans le théâtre, de l’Antiquité à nos jours (du texte à la mise en scène)
Actes du colloque organisé à l’Université de Rouen en avril 2012 : publication par Milagros Torres (ERIAC) et Ariane Ferry (CÉRÉdI),
avec la collaboration de Sofía Moncó Taracena et Daniel Lecler
Lien :
http://ceredi.labos.univ-rouen.fr/public/?tragique-et-comique-lies-dans-le.html
Descriptif :
Si le brouillage et le mélange des catégories génériques ont inquiété certains théoriciens du théâtre, c’est qu’ils vont contre l’effort fourni par les rationalistes pour mettre en ordre le monde et de qualifier les choses une fois pour toutes ; mais peut-on prétendre dire de quelque chose « c’est absolument comique », ou « c’est absolument tragique » ? Il n’y a pas d’action comique par essence, le comique étant toujours un phénomène particulier dépendant de la situation, des modes de représentation et des réactions des récepteurs. Dans les dramaturgies acceptant le bipolarisme, le redoublement contrapunctique comique des actions « sérieuses », le parasitage de certaines scènes par des rôles comiques (le servus, le gracioso, le valet…), le jeu des acteurs qui d’une intonation, d’un geste de connivence, peuvent inverser la perception de la situation par le public manifestent puissamment à quel point cet effort de séparation et de classification est artificiel. Il suffit de sortir Œdipe de l’espace royal où le confine la tragédie, d’en faire un gargotier ou un médecin, pour que ses aventures mythico-tragiques prennent un sens différent. Les emplois – qu’ils soient fondés sur les sexes ou sur les fonctions sociales – ne sont que de convention, et le théâtre, lorsqu’il est ouvert et ludique, joue pleinement de ces conventions pour les retourner et les interroger, pratiquant le brouillage des genres, sexuels et esthétiques : déguisement, détournement, dénaturation, inversion sont des termes qui servent aussi bien à décrire les actions des personnages que l’ambivalence de leurs propos.
Table :
Milagros TORRES et Ariane FERRY, Prologue
Ariane FERRY, « Faciam ut commixta sit tragico comoedia » (Plaute, Amphitruo) : petit abrégé des interprétations d’un jeu de mots devenu l’emblème d’une esthétique théâtrale du mélange
Clara AUVRAY-ASSAYAS, Le mélange des genres ou comment les Romains pensent leur identité littéraire
Élisabeth LALOU, Le théâtre médiéval, le tragique et le comique : réflexions sur la définition des genres
Sofía MONCÓ TARACENA, El arte nuevo de hacer τρυγῳδία, « trigedia »
Manuel Ángel CANDELAS COLODRÓN, Política, tragedia y comicidad en El castigo sin venganza.
Odile LASSERRE DEMPURE, Effacer la frontière : jeux tragi-comiques sur la confusion des genres sexuels dans une tragédie de Luis Vélez de Guevara, La Serrana de la Vera (1613)
Juan-Carlos GARROT ZAMBRANA, Efectos cómicos y patéticos en Calderón : El Tuzaní de la Alpujarra
Luciano GARCÍA LORENZO, La comedia burlesca del Siglo de Oro : de lo sublime a lo vulgar (« … Que aquesta variedad deleita mucho »)
Christophe COUDERC, « No es ahora tiempo de risa » : l’élément comique dans El médico de su honra de Calderón
Marcella TRAMBAIOLI, « Lo trágico y lo cómico mezclado » en Il pastor fido de Giovan Battista Guarini y sus reescrituras españolas
Milagros TORRES, Catalinón : La gracia del gracioso en la mezcla trágico-cómica de El burlador de Sevilla
José Manuel PEDROSA, De Juan Lorenzo a Juan Lanas : Juanes y cuernos trágicos, cómicos y folclóricos
Marc MARTINEZ, Shakespeare, le texte et le comédien : jeu tragique et jeu comique sur la scène anglaise du milieu du XVIIIe siècle
Jean-Marie WINKLER, Œdipe comique ? Tragique et comique mêlés dans les parodies d’Œdipe Roi par les « comédiens italiens » du temps de Voltaire
Sarah BRUN, La farce à l’épreuve du tragique au XXe siècle
Marianne BOUCHARDON, Dilution ou réversibilité beckettienne ?