Translating Hearts & Parts. Composer et transposer les parties du corps
Horaire : 09h00-16h30
Lieu : UFR LSH | Bât. 3 | Studio (1er étage) | Mont-Saint-Aignan
Si le symbolisme de notre langage et de nos langues prend appui sur le corps, c’est bien sûr que le corps a l’air d’être quelque chose, quelque chose de concret. Nous ressentons notre corps. Nous pouvons le toucher, le palper, le caresser, de même que nos corps sont toujours en contact avec, ou en interaction avec, d’autres corps. Ces corps existent. Les parties du corps aussi. C’est bien pour cette raison que nous pensons tant de choses par rapport au corps, ici, maintenant. Le corps est littéralement « central » pour nous. Comment envisager le monde sans le corps au centre de notre conception du monde, notre perception du réel et des choses ? Ces dernières années, les cognitivistes pensent la pensée-en-corps, « embodied thinking », puisque le corps, au moins, semble être une source fiable pour expérimenter empiriquement le monde.
Et pourtant, comme nous avons constaté pendant nos cinq journées d’études en juin 2018 – Hearts & Heartlands
les parties du corps ne sont pas des données universelles, mais des objets culturels et linguistiques. Le cœur irlandais est vert, le corps gallois s’associe avec le rouge, mais le rouge du rugby, et plus avec le dragon qu’avec le lion. Les allemands et les anglais coupent le cœur en deux (half-hearted, halbherzig), mais pas les français, les russes et les espagnols. Pour les langues européennes, et pour l’Ancien et le Nouveau Testament, pour l’hébreu et pour le grec, le cœur est le siège des émotions, le for intérieur. Mais pas pour le Malais ou pour les langues aborigènes de l’Australie semble-t-il. D’année en année, les textes chrétiens continuent à se disséminer à travers le monde, faisant entrer une conception du cœur comme le centre moral, spirituel, intellectuel, et émotionnel de l’homme dans les langues dans lesquelles la Bible est traduite. Mais il s’agit sans doute plus de la promotion « d’un universalisme bien particulier », ancré dans les langues et dans les visions du monde qui s’exportent et qui s’imposent.
Au mois de mars (25-27/03/19), nous poursuivrons nos réflexions sur le cœur afin de juxtaposer ce que nous avons déjà comparé en anglais, français, tchèque, polonais, russe, allemand, hollandais, basque, espagnol et gallois, avec de nouvelles langues et cultures. Mais cette année, nous ouvrirons nos débats, interventions, tables rondes et réflexions libres, aux autres parties du corps.
Peut-on, en effet, mettre la main sur les parties du corps ? La main serait un mauvais exemple : ruka, en tchèque et en russe veut dire à la fois, ‘bras’ et ‘main’. Avons-nous huit ou dix doigts ? Comment traduire, ‘under the thumb’, ou ‘coup de pouce’. C’est à la fois une question de définition et de représentation ; mais aussi une question de créativité linguistique. Ce que nos chanteurs, nos poètes et nous comiques font avec les parties du corps nous rappelle la créativité essentielle du langage. De nouveaux débats et tables rondes évoqueront la perplexité que nous éprouvons lorsque nous essayons de saisir le corps et ses parties. ‘Les parties’, c’est déjà un problème à penser. Comment penser les fesses, les mains, le cou, la poitrine, les pieds, l’œil, ou l’oreille ? De siècle en siècle, et de langue en langue, les frontières et les formes changent, le sens aussi. Comment les comprendre ? Et comment les traduire ? Et peut-on les traduire sans tenir compte de la manière dont ses parties de nous-mêmes s’ancrent dans le réel que nous vivons ? Un réel qui est social, politique, linguistique, culturel, conceptuel, poétique, et personnel ?
PROGRAMME
Lundi 25 mars 2019
09h00 – James Underhill, Introduction, Hearts & Parts, traduire le cœur et les parties du corps
10h00
Elena Gaspar Garcia, Couilles au féminin
César Ruiz Pisano, Culo en castillano
Andra Barbu, Nouvelles de la mort et du cœur: Penser vie, cœur et contes
11h00
Alex Taylor (Paris-Berlin-UK), Trilingual lives, Herz-Cœur-Heart Interview
12h30 – Buffet ouvert (A615)
13h30
Robert Bohat (Charles University, Prague), One heart: How many worldviews? (Slovak, Czech, English & other)
Virginie Douglas, Traduire le cœur dans les livres pour enfants
15h00
Multilingual Round Table Réflexions & Réactions : Ruiz Pisano, Robert Bohat, Piotr Blumczynski, Lozano Douglas
16h30 – Clôture
Mardi 26 mars 2019
10h00
Piotr Blumczynski (Queen’s University, Hands), Hearts, Heads & translating values
Ludmila Volna, Œil en tchèque
Marie Delfosse, Nez, poitrine ou dusche en russe
11h00
James Underhill, Main en français, anglais et tchèque
12h30 – Buffet ouvert (A615)
13h30
Cécile Leguy (Lacito, CNRS) Raconter les rythmes du cœur (Afrique)
José-Vicente Lozano, Parties en espagnol
15h00
Multilingual Round Table Réflexions & Réactions : Robert Bohat, Piotr Blumczynski, James Underhill, Cécile Leguy, Ludmila Volna
16h30 – Clôture
Mercredi 27 mars 2019
10h00
Étudiants M1-M2, au cœur des langues (Daphne, Hamidou Djimera, Ksenia, Barbora, Sirine, Jérôme) : Lecture de Psaumes, et de Josette Rey
11h00
Sophie Mehrbrey, Cheville au féminin : arme de séduction ?
Peter Marquis, Corps et Sport
12h30 – Buffet ouvert (A615)
13h30
James Underhill, Voix & cœurs (polyglottes au quotidien)
Julian Humphreys, The Welsh Tongue
15h00
Multilingual Round Table : Peter Marquis, Julian Humphreys, Sophie Mehrbrey, & les étudiants de M1-M2
16h30 – Clôture