Mettre en récit son environnement : expression d’un savoir-être écologique et élaboration d’un sentiment communautaire dans la région de Pahuatlán del Valle, dans la Sierra Norte de Puebla, au Mexique
Horaire : 16h30-18h00
Lieu : UFR LSH | Bât. 3 | Salle du CETAS (A506) | Mont-Saint-Aignan
Dans le cadre du séminaire du programme 1 (2018-2019), Paul Lebret, doctorant à l’ERIAC, interviendra sur le thème « Mettre en récit son environnement : expression d’un savoir-être écologique et élaboration d’un sentiment communautaire dans la région de Pahuatlán del Valle, dans la Sierra Norte de Puebla, au Mexique ».
La Sierra Norte de Puebla au Mexique connaît, depuis plusieurs années, une forte recomposition écologique, politique et humaine. La région de Pahuatlán del Valle ne déroge pas à la règle. Face au « projet de mort » du gazoduc Tuxpan-Tula, à la privatisation et la pollution de l’eau, les populations s’engagent et s’organisent pour protéger leurs terres et leurs traditions. De plus, depuis la fin du XXe siècle, la région connaît une forte recomposition sociale notamment en raison de la fragilité de l’économie locale qui a poussé de nombreux habitants à migrer vers les États-Unis. La mode vestimentaire a changé, les loisirs aussi, les langues indigènes comme le nahuatl ou le ñañhu sont en perte de vitesse et désintéressent les jeunes générations. Aujourd’hui, l’identité locale vacille entre revendication des pratiques culturelles ancestrales et désir de s’intégrer à la grande vague de la globalisation.
Or, même si la relation des habitants de la région avec leur environnement a basculé dans la lutte sociale, les récits pahuatèques expriment encore et toujours un véritable savoir-être écologique local. L’identité culturelle s’inscrit par exemple dans l’environnement (pyramides, pétroglyphes, peintures rupestres), et parallèlement l’environnement s’inscrit dans les pratiques culturelles (la cuisine des fleurs d’equimite ou des chicales).
Dans ces forêts de nuages, les pahuatèques utilisent un langage spécifique pour influencer l’environnement et en traduire les signes (rituels, interprétations). Les histoires qu’ils se racontent témoignent de l’évolution constante d’un environnement imaginaire partagé.
Mon travail consiste à découvrir et enregistrer ces histoires sur l’environnement et de les présenter dans leur contexte d’énonciation au moyen de l’anthropologie visuelle, afin de comprendre comment l’expression orale du savoir-être écologique local participe à l’édification d’un sentiment communautaire pahuatèque.