Recherches phénoménologiques en Turquie hier et aujourd’hui : aspects philosophiques et linguistiques la philosophie turque, en turc, en Turquie

Date : 1er février 2019
Horaire : 10h30-13h00
Lieu : UFR LSH | Bât. 3 | Salle A600 | Mont-Saint-Aignan

Journée organisée par Natalie Depraz

10h30 – Ouverture de la journée par Miguel Olmos, Directeur de l’ERIAC

11h00Natalie Depraz (Professeur de philosophie, ERIAC), Présentation du projet de Recherche financé par le Consortium Galatasaray-Paris 1 Panthéon-Sorbonne : « La phénoménologie à l’épreuve de la langue turque »

11h30-13h00 – Conférence de Umut Öksuzan (Professeur de philosophie, université de Galatasaray, Istanbul, Turquie) : « Un dialogue avec Edmund Husserl. Le problème de l’alter egochez Nermi Uygur »

Résumé : Dans Les dimensions de la philosophie turque, un ouvrage paru en 1974, Nermi Uygur affirme l’indissociabilité et la simultanéité de la pensée et de la langue. La pensée est un contenu, la langue est un vêtement qui embrasse la pensée. Il y a un rapport interactif entre le développement de la philosophie et celui de la langue. La « philosophie turque » doit être la « philosophie de langue turque », car la philosophie peut devenir un élément constitutif de la culture turque et contribuer àson développement dans la mesure oùelle se concrétise dans l’idiome turc. On peut dire que selon Uygur, la langue joue un rôle primordial et privilégié dans l’ensemble des éléments culturels. Elle rend possible les relations, les transitions et les traductions au sein de la culture en même temps qu’elle se modifie sans cesse sous l’influence d’autres éléments culturels en interactions. Mais dans un autre endroit du même ouvrage, Uygur met l’accent sur le terme de philosophie et affirme que ce que l’on souhaite constituer et déployer sous la rubrique de « philosophie turque » ou « philosophie de langue turque » doit être avant tout une « philosophie » au sens véritable du terme. Elle peut se considérer légitimement comme une philosophie pour autant qu’elle contribue à la position, l’élucidation et la solution d’un ensemble de problèmes spécifiques et dans la mesure où elle est dirigée par l’esprit critique, le principe de clarté et le principe de tolérance. 
Dans cette intervention, je vais essayer, dans un premier temps, de tracer un cadre pour l’élucidation des rapports entre la langue et d’autres éléments culturels en général, la philosophie en particulier en présentant dans ses grandes lignes la recherche scientifique qu’Uygur a publié en 1958 sous le titre Le problème de l’alter ego chez Edmund Husserl. Je tâcherai de montrer que l’on est obligé d’aborder la question de l’essence de la langue en relation avec les questions de l’essence de l’ego et de l’essence de l’alter ego, tant que l’on reste dans le cadre de la phénoménologie transcendantale de Husserl. Dans un deuxième temps, je mettrai l’accent sur les « questions ouvertes » qu’Uygur se contente de poser à la fin de son ouvrage. En vue d’expliciter ces « questions ouvertes » et d’affronter l’obscurité de l’alter ego, je m’efforcerai de constituer une piste de réflexion à la lumière des résultats de l’étude critique du concept phénoménologique de la science exposée par Heidegger dans son cours du semestre d’hiver 1923-1924, Introduction à la recherche phénoménologique. Dans un troisième et dernier temps, je commenterai un paragraphe d’Être et Temps, celui qui rassemble les descriptions relatives au phénomène de l’être-avec (Mitsein) afin de questionner la compréhension de l’être quant à la possibilité d’une attitude radicale. Cette attitude radicale n’est ni scientifique, ni mystérieuse, ni obscurantiste ; nous pouvons y accéder quand nous nous exposons à l’obscurité qui entoure l’altérité.