Mallarmé, poète-traducteur
Auteur : Annick ALLAIGRERésumé
Cette étude met en perspective l’écriture poétique et la traduction chez Mallarmé. Elle tient que la traduction est partie prenante dans la réflexion sur la création poétique menée par le poète dont rend compte Crise de vers. À la lumière du travail d’effacement perceptible dans la réécriture de certains sonnets, comme Sainte, la disparition d’un vers de la première strophe du Corbeau d’Edgar Poe n’y est pas abordée sous l’angle du bourdon d’imprimerie mais sous celui de la mise en scène d’une voix traductrice qui, apparaissant en absence, se fait signature du Maître du Néant. Parallèlement, le passage d’une langue à l’autre dont la traduction fait l’épreuve de la difficulté, voire de l’impossibilité, peut transparaître dans les poèmes. Dans le Tombeau d’Edgar Poe – sans doute exemplaire à cet égard, pour cause – les langues s’informent mutuellement à l’endroit le plus improbable, à savoir, dans les signifiants, démultipliant la potentialité à signifier du poème.
Este trabajo pone en perspectiva la escritura poética y la traducción en Mallarmé. Considera que la traducción participa de la reflexión acerca de la creación poética llevada a cabo por el poeta en «Crisis de verso». A la luz del trabajo de poda perceptible en la reescritura de algunos sonetos, como «Santa», la desaparición de un verso de la primera estrofa de «El Cuervo» de Edgar A. Poe no es abordada como la señal de un mochuelo de imprenta sino como la de la puesta en escena de una voz traductora que, apareciendo en la ausencia, se hace firma del Maestro de la Nada. Paralelamente, el paso de una lengua a otra, cuya dificultad, y hasta imposibilidad, se experimenta en la traducción, puede aflorar en los poemas. En «La Tumba de Edgar Poe» – sin duda no por nada ejemplar al respecto – las lenguas se informan mutuamente en el lugar más improbable, es decir, en sus significantes, multiplicando la potencialidad significadora del poema.
L'auteur
Annick Allaigre est Professeur de littérature espagnole à l’Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, Directrice de l’UFR Langues et Cultures Étrangères, Co-directrice de l’axe Transferts textuels et migrations esthétiques du Laboratoire d’Etudes Romanes de Paris 8 (EA 4385). Spécialiste de la poésie du XXe siècle, elle s’est intéressée à R. Darío, M. Machado, P. Neruda, M. Hernández, C. Conde, R. Gaya, T. Segovia, J. Gelman, A. Guzman, tout comme à l’acte d’écrire de la poésie. Elle a notamment étudié les sonnets et Canto a un dios mineral du Mexicain Jorge Cuesta, qu’elle a traduits pour les éditions FEDEROP, ainsi que l’oeuvre de l’Espagnol Juan Gil-Albert, dont elle a également traduit, chez EPEL, l’essai sur l’homosexualité intitulé Heraclés, sobre una manera de ser.
Article au format pdf
DocumentPour citer l'article
Annick ALLAIGRE « Mallarmé, poète-traducteur »,
Travaux et Documents Hispaniques / TDH, 5, 2013-2014,
Mallarmé en traduction (aire hispanique)
© Publications Electroniques de l’ERIAC, 2014.