Variation syntaxique et types de textes dans les langues scandinaves médiévales

Date : 05 février 2018
Horaire : 16h30-18h(30)
Lieu : UFR LSH | Bât. 3 | Salle A600 | Mont-Saint-Aignan

La reconstruction de la syntaxe du protogermanique et sa prise en compte dans les études diachroniques de syntaxe indo-européenne soulèvent des difficultés importantes du fait des particularités du corpus que l’on conserve dans la plupart des langues germaniques anciennes : le corpus gotique est entièrement traduit du grec ancien, et une part très importante des textes que l’on conserve en vieil anglais et en vieux haut allemand sont des traductions du latin. Le vieil islandais occupe une position particulière dans ce tableau : la plupart des textes que l’on conserve sont nettement plus tardifs que ceux des autres langues germaniques anciennes ; mais on dispose d’un corpus très important de textes non traduits et non poétiques. Cette langue joue donc un rôle important dans la comparaison et dans la reconstruction, et à ce à double titre : outre qu’elle fournit des données dans lesquelles l’influence des langues classiques est relativement faible, elle constitue également un terrain particulièrement intéressant pour observer ce que les interférences avec le latin sont susceptibles de provoquer. En effet, à côté de la littérature vernaculaire, il existe également un corpus important de textes traduits à partir du latin ou d’autres langues (ancien français et moyen bas allemand en particulier), ainsi que des textes dont le style imite celui de ces langues jugées plus prestigieuses.

Les spécialistes de linguistique et de littérature nordiques opèrent depuis longtemps avec une distinction, remontant à Nygaard (1896), entre style savant (learned style, lærde stil) et style populaire (popular style, folkelig stil), que des travaux plus récents se sont attachés à affiner et à nuancer. La comparaison systématique entre la prose des sagas et celle des textes dits « savants » a permis de mettre en lumière des différences significatives en ce qui concerne, par exemple, la syntaxe des subordonnées relatives et celle des participes. Néanmoins, cette manière de procéder aboutit parfois à des apories, qui sont en partie dues à la frontière relativement fluide entre les deux types de textes.

L’objet de cette conférence est de montrer qu’une meilleure prise en compte des données de la langue poétique et des autres langues germaniques anciennes permet de préciser certains aspects de la description de la syntaxe des participes en vieil islandais, et de mieux distinguer ce qui résulte de l’emprunt syntaxique et ce qui relève de l’archaïsme hérité.

Audrey MATHYS est boursière postdoctorale de la Fondation Alexander-von-Humboldt ; elle travaille actuellement à la Ludwig-Maxilians-Universität à Munich (Allemagne). Elle s’intéresse à la grammaire comparée des langues indo-européennes, et en particulier à la syntaxe diachronique. Sa thèse de doctorat, soutenue en 2013, portait sur le neutre adverbial en grec ancien ; elle a ensuite étendu ses recherches à d’autres questions de linguistique diachronique du grec ancien et des langues germaniques anciennes. Elle est l’auteur de plus d’une dizaine d’articles à propos du grec ancien et du vieil islandais, dont une présentation de cette langue parue dans le numéro 38 de la revue Lalies (2018), et d’une monographie, Adverbes et participes en grec ancien (à paraître aux PURH).