Les adjectifs sigmatiques du grec ancien. Un cas de métamorphisme dérivationnel

Auteur : Alain Blanc
N° ISBN : 978-3-85124-747-3
Editeur : Innsbrucker Beiträge zur Sprachwissenschaft

Ce livre étudie une classe d’adjectifs du grec ancien, dits sigmatiques parce qu’ils se terminent par le phonème /s/ (sigma). Il y a eu en indo-européen des noms de genre neutre caractérisés par un suffixe *-e/os-, comme *ĝénos« naissance » ou *wékwos« parole ». Ces noms ont pu être employés en second membre de composé dans des adjectifs comme grec eu-ĝenḗs« de bonne naissance » ou hêdu-epḗs« aux douces paroles ». À côté de ces adjectifs composés, il y a eu en grec d’autres composés sigmatiques, dont le second membre est en relation synchronique non pas avec un nom, mais avec une base verbale : dans sunekhḗs on voit la racine de ékhō« tenir », dans aphanḗscelle du verbe phaínomai« apparaître ». Si la première catégorie continue un système indo-européen, ce n’est pas le cas de la seconde.

On s’est attaché dans ce livre à décrire à la fois le système ancien et le système nouveau, et à dégager les étapes du passage de l’un à l’autre. Après deux chapitres liminaires sur la flexion et sur les dérivés et composés en relation avec des adjectifs sigmatiques, les sept chapitres de la première partie étudient les composés du type d’ asthenḗs(sthénos« force »). Le chapitre 10, consacré à l’accentuation, forme la transition avec la deuxième partie dans laquelle trois chapitres étudient d’abord la date de création des seconds membres sigmatiques, les premiers membres de ces composés, la diathèse du second membre et la construction du sens. Dans les cinq chapitres suivants, les composés sont classés d’après leur morphologie, selon que le second membre repose sur un présent, un aoriste, un parfait, sur un verbe contracte ou sur un thème verbal qui n’est plus vivant en grec. La troisième partie est consacrée à l’émergence d’adjectifs non composés et au devenir des adjectifs sigmatiques et de leurs dérivés dans le vocabulaire du français moderne.

L’orientation du livre est à la fois philologique, comparative et structurale. On étudie en détail les familles de composés, on indique les origines indo-européennes de la formation et on s’attache avant tout à la description du passage du système ancien au système totalement nouveau. Étant donné que le suffixe *-e/os– servait à former des substantifs et en est venu à fournir des seconds membres adjectivaux, on peut parler de métamorphisme dérivationnel, changement qui est extrêmement rare dans les langues et que l’on peut ici observer de très près.

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