Les personnages de Millás sont des joueurs qui ne mesurent pas les risques des pratiques auxquelles ils s’adonnent. Dans le recueil Primavera de luto, un « jeu littéraire » inoffensif finit en une véritable course poursuite qui ne s’achèvera qu’à la mort de l’un des joueurs. Les jeux les plus anodins sont dangereux et c’est précisément ce qui les rend excitants. Si l’écrivain distribue son jeu pour créer un hors temps que le lecteur doit accepter s’il veut en jouir, il s’insère aussi dans un monde réel qu’il ne peut pas complètement écarter. Or, le jeu millassien passe essentiellement par l’étrange et l’une des modalités de l’étrangeté dans les nouvelles repose sur des répétitions, des symétries, des dédoublements, qui rappellent ironiquement le miroir en même temps qu’ils suggèrent au lecteur la possibilité d’un sens métaphorique du jeu.

Los personajes de Millás son jugadores sin contestación posible. Juegan con la fama, con el amor, con las emociones pero a veces no se dan cuenta de los riesgos que comportan las actividades supuestamente lúdicas a las que se dedican. Los juegos más anodinos del universo millasiano son siempre peligrosos y es precisamente lo que los hace excitantes. Si el escritor es indudablemente un jugador, que organiza su juego para crear un mundo fuera de tiempo que el lector tiene que aceptar si quiere disfrutarlo, se inserta también en un mundo real que no puede tampoco descartar del todo. El juego millasiano pasa esencialmente por lo extraño, pero la extrañeza de algunos cuentos se fundamenta en simetrías y desdoblamientos que recuerdan irónicamente el espejo al mismo tiempo que sugieren al lector la posibilidad de un sentido metafórico del juego.