Humanités et Monde Contemporain

Le Département d’Humanités propose d’ouvrir, en rapport avec la nouvelle filière disciplinaire mise en place par ses enseignants depuis 4 ans, une réflexion sur l’articulation des Humanités et du Monde Contemporain : non pas sur l’Antique aujourd’hui, mais sur le regard que jettent les Humanités sur le monde d’aujourd’hui. En quoi ce regard est-il essentiel, en quoi l’histoire de la transmission des Humanités, dans ses avatars les plus divers, est-elle essentielle ? Une confrontation des extrêmes Antique et Contemporain, pour en rire ou pour en pleurer, est simplement indispensable pour comprendre les enjeux actuels de la soumission statistique, de l’évaluation quantitative, du tout numérique et du tout-image, et autres divinités qu’on pourra ranger avec F. Hartog sous le douloureux néologisme de « présentisme ».

On s’interrogera sur la naissance et l’histoire de la notion d’Humanitas, sur ce qu’implique la réduction du savoir antique aux Humanités par rapport à d’autres modèles comme le quadrivium médiéval.

Sur l’émulation avec les Anciens sur laquelle se fonde toute l’histoire de notre modernité, avant qu’elle ne devienne « contemporaine » et pure interface d’une actualité déracinée.

Sur l’âge d’or de l’humanisme et le triple enseignement de l’hébreu, du grec et du latin à la Renaissance, passé à l’entité duelle latin-grec hier encore, aujourd’hui latin ou bien grec. Sur l’enseignement des langues dans la formation des individus.

Sur la formation du système des Humanités au XIXe siècle, et sur le bilan qu’il faut aujourd’hui dresser. En quoi elles consistent ? Quelles sont leurs limites ?

Sur l’histoire intellectuelle des humanistes au XXe siècle, et particulièrement sur la soumission des intellectuels, humanistes ou non, aux fascismes, jusque dans l’existentialisme heidegerrien et ses dérivés français, littéraires ou philosophiques.

Sur l’exclusion des arts (musique, arts plastiques, arts du spectacle) dans les Humanités ; ou l’exclusion des Humanités dans l’Art dit contemporain.

Sur le développement obligatoire de l’informatique, la dématérialisation du savoir, à laquelle tout un chacun est aujourd’hui soumis, accompagnée du bouleversement des cadres juridiques traditionnels : renoncement de facto à toute propriété intellectuelle, minoration du rôle de l’enseignant et du livre. Dans la marginalisation progressive du grec ancien, du latin et des études littéraires, il semble qu’on ne puisse faire d’Humanités sans passer par les réseaux numériques, les serveurs obligatoires, les moteurs de recherche, les écrans, l’outil d’accompagnement de la transmission, et autres accessoires de la dépendance technologique, devenant le lieu d’enfermement et de conditionnement.

Sur la déshumanisation…

Contact pour le Département Humanités : Philippe Brunet

Propositions à adresser avant le 20 juin 2014 à Philippe.Brunet@univ-rouen.fr

Le Département Humanités, ex-Lettres Classiques, de l’Université de Rouen a créé une licence au double parcours HMC (Humanités et Monde Contemporain) et HCC (Humanités Classiques et Contemporaines). Cette licence connaît un grand succès : se pose donc la question du savoir qui y est transmis, et d’un prolongement éventuel des parcours en master.