Fiction et philosophie au XVIIIe siècle

Date : Mardi 27 mai
Horaire : Journée
Lieu : Salle du CETAS (A506)

Intervention de Christophe Martin (U. Paris-Sorbonne, CELLF 17-18)

Séminaire de clôture de « Transferts, hybridation: histoire, discours, fiction » (cliquez sur le lien pour retrouver le programme du séminaire et toutes les informations).

Jamais sans doute les relations entre littérature et philosophie n’ont été plus étroites qu’au XVIIIe siècle. L’entrelacement du discours littéraire et du discours philosophique est alors si inextricable qu’on peut difficilement considérer celui-ci comme étant « allogène » à celui-là, et ce d’autant moins que la « littérature » n’a pas encore (du moins avant les années 1750) d’existence comme telle. On s’intéressera plus spécifiquement aux liens entre fiction et philosophie au siècle des Lumières. D’un côté les philosophes recourent alors volontiers à des schèmes narratifs et fictionnels : la philosophie empirique impliquant l’usage d’une méthode historique et génétique, elle est fortement narrativisée, et marquée par la présence de prédicats actionnels et d’une temporalité puisqu’elle s’emploie à décrire une série de transformations entre un état initial et un état d’arrivée. Elle recourt en outre volontiers à des expériences de pensée de nature narrative et fictionnelle. D’un autre côté, toute une série de fictions (romans, contes, théâtre, dialogues…) s’efforcent alors non pas seulement d’être les vecteurs d’un savoir philosophique préalablement constitué, mais bien de devenir sujets d’une connaissance philosophique spécifique. En s’appuyant notamment sur l’œuvre de Montesquieu, Marivaux, Diderot et Rousseau, on tentera d’indiquer en quoi certaines fictions littéraires permettent, par leurs moyens propres, de déplacer certaines limites de la connaissance philosophique et de donner accès à des zones du savoir dont il n’existe (pour des raisons diverses) pas d’autres modes d’expression.

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Christophe Martin est professeur de littérature française à l’université de Paris-Sorbonne. Spécialiste du XVIIIe siècle, et en particulier de Fontenelle, Marivaux, Montesquieu, Diderot et Rousseau, ses recherches portent principalement sur les liens entre fiction, anthropologie et philosophie au XVIIIe siècle (Espaces du féminin dans le roman français du XVIIIe siècle, SVEC, Voltaire Foundation, 2004 ; « Educations négatives ». Fictions d’expérimentation pédagogique au XVIIIe siècle, Garnier, 2010 ; La Religieuse de Diderot, Gallimard, 2010), ainsi que sur la problématique de l’illustration (« Dangereux suppléments ». L’illustration du roman en France au XVIIIe siècle, Peeters, 2005). Il a dirigé plusieurs volumes collectifs (dernièrement Violences du rococo, PU de Bordeaux, 2012, avec Jacques Berchtold et René Démoris ; Fictions de l’origine (1650-1800), Desjonquères, 2012 ; Lectures des Confessions de Rousseau, PU Rennes, 2012 avec Jacques Berchtold et Élisabeth Lavezzi) ; Les Lettres persanes de Montesquieu, PU Paris-Sorbonne, 2013)

Voir aussi l‘argumentaire du séminaire de l’Axe 2 et le programme de l’année 2013-2014 : « Transferts, hybridation: histoire, discours, fiction ».