Vénézuela : Maria Corina Machado, nouvelle figure du radicalisme de droite
Le weekend dernier, l’opposition vénézuélienne organisait ses primaires en vue des élections présidentielles de 2024… Qui est Maria Corina Machado, la nouvelle figure du libéralisme vénézuélien qui entend mettre fin à plus de deux décennies de chavisme dans le pays ?
Avec Thomas Posado, docteur en science politique, maître de conférence à l’université de Rouen Normandie, chercheur à l’ERIAC et chercheur associé au Centre de Recherches Sociologiques et Politiques de Paris (CRESPPA-CSU)
La démocratie vénézuélienne en question
Le rôle de ces primaires était de choisir le candidat unitaire de l’opposition vénézuélienne qui affrontera Nicolas Maduro pour les élections présidentielles de 2024. Selon Thomas Posado, politiste, maître de conférence à l’université de Rouen et chercheur à l’ERIAC, ces élections ont certes été organisées librement, mais « le Vénézuela s’est éloigné des standards démocratiques. Les oppositions politiques n’ont pas le droit de s’organiser comme elles le souhaitent. En ce moment même, le président et la vice-présidente de la commission d’organisation de ces primaires sont convoqués par la justice. Il y a donc des atteintes à la démocratie et c’est l’un des enjeux de ces élections ». Maria Corina Machado est d’ailleurs considérée par beaucoup comme inéligible sur des critères relativement « infondés », d’après le politiste.
Maria Corina Machado : une candidature incertaine
Selon la version officielle, elle aurait participé au schéma de corruption mis en place par Juan Guaidó durant sa présidence par intérim. Président d’opposition de l’Assemblée nationale vénézuélienne, il représentait aussi le Venezuela dans une cinquantaine de pays dans le monde jusqu’en 2023. « Il y a des accusations de malversations concernant la gestion de ses actifs. Or, la justice du pays est aux mains de Maduro et participe à disqualifier ses opposants. Maria Corina Machado ou encore Henrique Capriles sont par exemple considérés comme inéligibles pour cette raison », précise Thomas Posado. La question reste alors de savoir si la candidate pourra se présenter aux élections présidentielles, alors même qu’elle a reçu 93 % des suffrages dimanche dernier.
Le pétrole, un enjeu électoral
Maria Corina Machado est souvent présentée comme une « Margaret Thatcher vénézuélienne » : « sa doctrine s’inscrit dans un libéralisme dogmatique. Par exemple, elle compte privatiser l’entreprise pétrolière publique PDVSA, la première entreprise du pays qui est en mauvais état actuellement », explique Thomas Posado. Cependant, cette proposition est transgressive, même au sein de l’opposition, dans le cadre d’un État vénézuélien très dépendant de cette manne pétrolière. Henrique Capriles est lui pour une gestion plus rigoureuse de l’entreprise, mais ne souhaite pas la privatiser. « C’est cette volonté de privatisation qui met Maria Corina Machado dans les marges de l’opposition. Sa victoire est en réalité le signe de l’échec de l’opposition et de Nicolas Maduro », conclut-il.