Variations sur l’Eros

Date : 7 et 8 Avril 2011
Lieu : Maison de l'Université, salle Divisible Nord

Organisateurs

N. Depraz (Université de Rouen ; contact : natalie.depraz@univ-rouen.fr)
Ph. Fontaine (Université de Rouen), A. Steinbock (University of Carbondale, Illinois, USA)

Date : 7/8 avril 2011
Financement (5000 euros) : Université de Rouen (ERIAC) et University of Carbondale (USA)

Présentation

Le regain d’intérêt pour la thématique de l’eros en phénoménologie aujourd’hui, à travers, notamment, les ouvrages de Christos Yannaras, Variations sur le Cantique des Cantiques, Essai sur l’Eros (1995), de Michel Henry, Incarnation. Une philosophie de la chair (2000), de Jean-Luc Marion, Le phénomène érotique (2003) et de Jean-Louis Chrétien, La symbolique du corps. La tradition chrétienne du Cantique des Cantiques (2005), a alerté notre attention sur l’importance d’un examen à nouveaux frais de cette question, dans le champ de la philosophie (contemporaine, mais aussi médiévale et ancienne) et, corrélativement, dans ceux de la psychologie, de l’anthropologie et de la théologie.

Aussi souhaitons-nous réinterroger le sens de certaines articulations expérientielles et conceptuelles qui déterminent le champ d’extension de l’eros : il ne revient pas au même de décrire l’expérience de l’eros en la distinguant (ou pas) de celle de l’agapè, ce qui invite à repenser le sens (antique ? médiéval ? théologique ? philosophique ?) de l’amour comme désir ou comme charité, ou de penser l’eros en relation d’opposition (ou de complémentarité) avec thanatos voire antéros, comme c’est le cas en psychanalyse voire en sexologie, ou encore de s’interroger sur les liens (éthiques ? politiques ?) entre eros et eris. A cet égard, on pourrait également étudier l’homophonie problématique entre l’expérience du dieu Eros et ce que nous avons nommé génériquement l’expérience de « l’eros ».

Ainsi, si, qui dit « eros », dit « désir », « amour », « autrui », « vie », « relation », mais aussi « conflit », « violence », « souffrance », encore convient-il de se demander comment ces expériences, et les concepts qui les portent, trouvent à s’organiser et à se réguler les uns les autres pour rendre compte de la complexité de ce phénomène qui, on le sait, marque notre modernité sociale, politique, culturelle, et plus récemment encore virtuelle, à travers les processus prégnants en jeu dans l’érotisme et dans l’érotisation.

Si l’on s’attache à cerner ce que peut être une problématique spécifiquement phénoménologique de l’eros, elle prend son point de départ dans la définition husserlienne de la conscience comme intentionnalité, c’est-à-dire comme visée cherchant son remplissement, de manière itérative et interminable, et dont la saturation ressortit à une forme de téléologie qui emprunte sa structure initiale à l’Idée au sens kantien. Dans une telle perspective, la conscience reçoit, non plus l’intentionnalité, mais le désir comme propriété essentielle. Or, une telle détermination offusque le projet cognitif de la philosophie transcendantale, y compris dans ses avancées « pulsionnelles » (Trieb), ou celui d’une ontologie comme celle de Heidegger, placée sous le signe, encore solipsiste, de la poussée (Streben). L’examen de cette thèse implique une analyse du désir, c’est-à-dire de la relation renouvelée entre la conscience et l’objet qu’elle révèle, ainsi que de la modalité de donation du phénomène érotique qui en ressort. L’intérêt d’une telle hypothèse réside dans l’ouverture que le désir, déterminé comme sens de la conscience, serait susceptible de procurer. On peut penser que s’y trouvent réarticulée la thématique du désir avec celle de l’eros, dans ses différentes inflexions érotiques, sexuelles voire pornographiques, mais également éthiques, religieuses et spirituelles.
En prenant appui sur les nombreux auteurs de la tradition phénoménologique qui ont de près ou de loin abordé ce champ d’expérience, Jean-Paul Sartre, Maurice Merleau-Ponty, Emmanuel Lévinas, Michel Henry, Jean-Luc Marion et Jean-Louis Chrétien, nous voudrions étudier de plus près les enjeux anthropologiques lato sensu d’un tel phénomène. C’est dire que l’expérience corporelle, mais aussi celle d’autrui, de l’altérité plus largement, ou encore de l’infini, seront au centre de notre réflexion.

Programme

Jeudi 7 avril

9h30 : Ouverture du colloque
Monsieur Cafer Özkül, Président de l’Université
Madame Laurence Villard, directrice de l’ERIAC

10h : Présentation des journées
Natalie Depraz et Philippe Fontaine

Matinée (10h30-12h30)

Christos Yannaras (Panteion, Université des Sciences Politiques et Sociales, Athènes) :
« Erôs et exstase »
Discutante : Natalie Depraz

Claudia Serban (Université de Paris-IV Sorbonne) :
« Intercorporéité et érotisme : Michel Henry critique de Merleau-Ponty »
Discutant : Philippe Fontaine

Après-midi (14h30-16h30)

Jean-Louis Chrétien (Université de Paris IV-Sorbonne) :
« La parole amoureuse : fuite ou magnification du monde ? »
Discutante : Claudia Serban

Charbel Maalouf (Institut Catholique de Paris) :
« Le Christ, Érôs de Dieu selon Grégoire de Nysse »
Discutant : Yves Millou (Université de Rouen)

Pause café (16h30-17h)

17h-18h : Fabrice Midal (Université de Paris VIII) :
« Entendre le sens d’Eros est-il possible sans abandonner la logique du sujet et l’ontologie
propre à toute métaphysique ? »
Discutant : Alexis Lavis (Université de Rouen)

Nicholas Smith (Stockholm University ; Södetön University) :
« Eros and time in Husserl and Freud »
Discutant : Anthony Steinbock

Vendredi 8 avril

Matinée (9h30-11h30)

Renaud Barbaras (Université de Paris I Sorbonne, Institut Universitaire de France) :
« Le monde du Désir et la place de l’Erôs »
Discutant : Sébastien Jobert (Université de Rouen)

Nicholas Smith (Stockholm University ; Södetön University) :
« Eros and time in Husserl and Freud »
Discutant : Anthony Steinbock

Après-midi (13h30-15h30)

Florence Pignarre (Université de Rouen) :
« Le corps érotique de l’acteur »
Discutante : Sara Heinäman (Helsinky Universiteit)

Mathilde Hamel (Université de Rouen) :
« Erôs et Thanatos dans les ballets de Salvador Dalí »
Discutante : Audrey Gerlain (Université de Rouen)

Pause café (15h30-16h)

16h-17h : Anthony Steinbock (South Illinois University, Carbondale) :
« Erotic perception »
Discutants : Hadrien Simon et Anne Voscarudis (Université de Rouen)
Conclusions : Philippe Fontaine et Natalie Depraz

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