Traduire l’Autre : la traduction entre ethnocentrisme et xénophilie

Date : 8 juin 2016
Horaire : 9h 15 - 18h
Lieu : MDU, Salle divisible Nord

Le séminaire sur la traduction de l’ERIAC (axe 2), conduit par Philippe Brunet, Romain Magras et Anne-Laure Tissut accueille plusieurs traducteurs, théoriciens et praticiens depuis 2014. La table-ronde proposée met le doigt sur un problème crucial d’identité dans l’opération de traduction, au cœur des principes de tradition, d’ouverture par lesquels une langue et une culture données s’ouvrent ou non au patrimoine littéraire étranger.

Chez tout traducteur, la question se pose d’une hospitalité contradictoire : accueillir tel quel, ou offrir de beaux vêtements qui tenteront de masquer une étrangeté, toujours inquiétante.

La traduction en France pèche parfois par excès d’ethnocentrisme. On croit encore bon traduire les Anciens en alexandrins comme longtemps en Italie on a voulu traduire Homère en hendécasyllabes. On répugne à l’étrangeté de l’accent intensif métrique en usage dans d’autres prosodies. On admire la prose, au XVIIe, mais pas seulement, pour rendre compte de la diversité foisonnante de la poésie étrangère. C’est ainsi, en prose, que Marguerite Yourcenar croit pouvoir paraphraser Cavafy.

On assagit l’Autre. Parfois sous prétexte de dignité académique : avant tout, le sens ! On unifie. Certains protestent, comme André Markowicz voulant rendre les voix de Dostoïevski. Les critiques pleuvent. Le traducteur doit-il se garder de toute xénophilie exagérée ? Faut-il en vouloir à Klossowski d’avoir latinisé sa syntaxe française en traduisant Virgile ? On pourra partir d’une analyse d’Antoine Berman pour reprendre le sujet de l’ethnocentrisme et de ses remises en question, ou regarder à nouveau certaines pratiques de la traduction au regard de leur manière d’acclimater l’Autre irréductible.

L’université de Rouen a l’honneur d’accueillir le traducteur André Markowicz dont l’œuvre concerne plusieurs langues (russe, anglais, latin, tchouvache etc.), des intégrales (roman de Dostoïevski, Actes Sud), plusieurs domaines (théâtre de Tchekhov, Shakespeare, Lermontov, poésie de Pouchkine ou de Brodski, roman de Marina Tsvetaieva) et tout récemment s’est aventurée dans le domaine de la retraduction/réécriture avec les Ombres de Chine (Inculte Dernière Marge 2015), une anthologie considérable de la poésie chinoise, sans partir du chinois. A publié plusieurs livres d’une écriture poétique personnelle. Et développe un blog sur Facebook dont un volume est paru, Partages (Inculte Dernière Marge 2015). Son désir de rythme (Catulle), de vers (Shakespeare) ou d’oralité (Dostoïevski), réactive des voix, non sans scandaliser parfois. « La traduction est un exercice de reconnaissance, de gratitude envers l’autre » dit-il sur France Culture (La grande table). Plusieurs traducteurs et chercheurs se pencheront sur leur pratique de la traduction et sur l’histoire de celle-ci.

 

Invité d’honneur: André Markowicz, lecture et dédicaces à partir de 17h10, avec le soutien de la librairie l’Armitière.

Programme:
9h15  Introduction

9h30 André Markowicz, poète, traducteur (Rennes)

10h30 Philippe Brunet (Univ Rouen), « A la recherche de la quantité perdue : dans la langue ou hors la langue ? Sur la traduction des Anciens »

11h10 pause

11h30  Alexei Terechtchenko (Riga, Lettonie), « Quand un marchand devient linguiste: le premier dictionnaire franco-russe »

12h10 Geneviève Cohen-Cheminet (Univ. Paris 4, traductrice de poésie américaine), « Le propre et l’Etranger dans l’interface entre les langues: exemples en poésie américaine »

12h50 Déjeuner

14h10 James Underhill (Univ. Rouen), « Fremde or Friend: Foreignizing Translation et Ethnocentrisme: Venuti et/ou Meschonnic »

14h50 Sebastian García Barrera (Univ. Paris 8), « Traduire l’Autre à la Renaissance: naissance d’une tradition ethnocentrique de la traduction »

15h30 pause

15h50 Jean-Claude Arnould (Univ Rouen, Cérédi), « Pierre Boaistuau et les Histoires tragiques »

16h30 Anne Vial-Logeay (Univ. Rouen), « Entre philhellénisme et romano-centrisme, quelques remarques sur la traduction à Rome sous les Flaviens »

17h10  Lecture par André Markowicz

Livres d’A. Markowicz proposés par la librairie L’Armitière (16h10-17h30)

17h45 – 18h clôture

 

Affiche PDFtraduction 8 juin