Traduire l’Autre : ethnocentrisme et xénophilie

Journée d’étude ERIAC, séminaire sur la traduction (axe 2) organisée par Philippe Brunet, Romain Magras et Anne-Laure Tissut

Chez tout traducteur, la question se pose d’une hospitalité contradictoire : accueillir tel quel, ou offrir de beaux vêtements qui tenteront de masquer une étrangeté, toujours inquiétante… La traduction en France pêche parfois par excès d’ethnocentrisme. On croit encore bon traduire les Anciens en alexandrins comme longtemps en Italie on a voulu traduire Homère en hendécasyllabes. On répugne à l’étrangeté de l’accent intensif métrique en usage dans d’autres prosodies. On admire la prose, au XVIIe, mais pas seulement, pour rendre compte de la diversité foisonnante de la poésie étrangère. C’est ainsi, en prose, que Marguerite Yourcenar croit pouvoir paraphraser Cavafy. On assagit l’Autre. Parfois sous prétexte de dignité académique : avant tout, le sens ! On unifie. Certains protestent, comme André Markowicz voulant rendre les voix de Dostoïevski. Les critiques pleuvent. Le traducteur doit-il se garder de toute xénophilie exagérée ? Faut-il en vouloir à Klossowski d’avoir latinisé sa syntaxe française en traduisant Virgile ? On pourra partir d’une analyse d’Antoine Berman pour reprendre le sujet de l’ethnocentrisme et de ses remises en question, ou regarder à nouveau certaines pratiques de la traduction au regard de leur manière d’acclimater l’Autre irréductible.

Invité d’honneur André Markowicz, poète, traducteur (Rennes)

Avec des interventions de Geneviève Cohen-Cheminet, traductrice de poésie américaine ; Philippe Brunet (Rouen) ; Sebastian Garcia Barrera (Paris 8) ; Alexei Terechtchenko (Riga, Lettonie) ; James Underhill (univ Rouen, sous réserve) ; Jean-Claude Arnould (CÉRÉdI, sous réserve).

Le mercredi 8 juin 2016, MDU, salle divisible nord