soutenance de thèse

Laurence Schirm,

« Mise en forme et elaboration  d’une philosophie romaine dans les Tusculanes de Cicéron : une lecture de l’oeuvre »,

le 23 octobre 2015, à 9h 30

Composition du jury :

Clara Auvray-Assayas (directrice de recherches ; Rouen)
Fosca Mariani Zini (Lille)
Gernot Michaël Müller (Eichstätt)
Claudine Pouloin (Rouen)

Mots Clés : discours ; herméneutique ; culture ; rhétorique ; poétique ; passions ; jugement.

Résumé Présentées par Cicéron comme une œuvre majeure, les Tusculanae Disputationes ont suscité à partir du 19°siècle une grande perplexité herméneutique. Redites, digressions, approximations doxographiques, monologue dialogué, ordre des journées, tout concourt à dérouter les esprits rationnels. Cependant, dit Cicéron, les Tusculanes réalisent la philosophia perfecta qui unit étroitement noblesse de la pensée et du langage ; on peut la désigner par une métaphore : cultura animi. Cette recherche veut donc aborder l’objet que revendique l’auteur mais qui a nui à l’œuvre : sa forme. En travaillant sur l’obstacle à sa réception, en faisant l’essai du texte sans a priori scientifique, on souhaite redécouvrir les clés de lecture de l’ouvrage et partant le sens de la culture. Dans une première partie, sans nier la singularité formelle des Tusculanes, on montre qu’elles prennent place dans une réflexion dont les autres ouvrages sont porteurs autour des liens étroits entre la pensée et le langage. Les hésitations platoniciennes sur l’écriture ou la poésie alimentent la création chez Cicéron d’un discours philosophique performatif parvenu ici à sa perfection : l’oratio continens. La personnalité de Cicéron dans les Tusculanes est ensuite étudiée : quel est l’éthos de celui qui prend en charge la naissance de la réflexion philosophique, donc le tissage du discours ? Il faut évaluer les impacts d’une persona complexe, générique et spécifique, sur la forme de l’ouvrage. La troisième partie comporte une lecture détaillée des cinq livres. On s’intéresse à leur organisation et à leur lexique pour apprécier une « poétique du jugement » qui renoue avec la vetus socratica ratio en dépassant les impasses langagières de la dialectique stoïcienne. Ainsi se crée une forme de discours qui est aussi une forme du savoir, une philosophie romaine, où chacun peut redonner sens en toute liberté aux certitudes dont il a besoin pour vivre.

Summary Although they are introduced by Cicero himself as a major piece of his work, Tusculanae Disputationes have created a hermeneutic perplexity since the 19th century. Indeed, everything in this book such as digressions, repetitions, inaccurate references – to Greek philosophers especially-, soliloquized dialog and, more generally, its composition, tends to disconcert strongly rational minds. But as Cicero says, he achieved here philosophia perfecta which links high thoughts to best style and that can also be named with the metaphor: cultura animi. Thus our research aims at exploring the discredited object put into the foreground by its author, that is to say the form of Tusculanae Disputationes, in order to understand how this literary form is able to “grow” mind against lack of virtue. We hope to revive a meaning of culture through this way, without any scientific preconception. First, we try to define the language problematic into which Tusculanae Disputationes play the most important role; it occurs that his reading of Plato’s hesitations about writing or poetry leads Cicero to invent a philosophical performative speech that reaches here its perfection: the oratio continens. In a second part, Cicero’s personality is studied in order to link it with the “weaving” of dialog: What kind of ethos is that of the one who intends to make listeners want to think right? It’s necessary to assess the impacts that such a complex, generic and specific persona has on the form of this work. The third part includes a detailed reading of the five books. By focusing on their dispositio and vocabulary, we can appreciate a “poetic of judgement” which goes back to the vetus socratica ratio and breaks the Stoic dialectic’s linguistic impasse. Therefore is created a new form of dialog which is also a form of knowledge, a Roman philosophy, into which everyone can freely strengthen the certainties that they need to live.