Littérature et politique

Que la littérature puisse être un lieu de combat, d’engagement, une arme de résistance, la manifestation d’une intention politique, est une évidence, un lieu commun, presque. Dans ses multiples façons de se saisir du monde, la littérature ne peut qu’être concernée par la res publica. Mais si la littérature « fait de la politique », c’est « en tant que littérature »[1] : non pas simplement en transposant littérairement un message ou un propos politique qui lui préexisterait, mais en élaborant un rapport au monde, au sujet, à la langue, dont la dimension politique mérite d’être interrogée, explicitée, précisée. Car s’il est absurde de nier la portée politique de la littérature, il ne suffit pas non plus de l’affirmer par principe. Qu’est-ce qui fait précisément la portée politique d’une œuvre littéraire ? Au-delà du modèle de la « littérature engagée », comment la littérature est-elle politique ?[2]

Cette question sera le fil conducteur de notre séminaire, qui portera comme l’an dernier sur les travaux en cours (ou juste achevés), dans l’esprit d’un dialogue ouvert : il s’agira d’échanger sur les objets et les méthodes de chacun.e – doctorant.e.s ou chercheurs/chercheuses confirmé.e.s, membres de l’axe 2 ou des autres axes de l’ERIAC. Pour permettre à toutes et à tous de prendre une part active à cet échange, nous vous demanderons de nouveau de partager au moins une semaine à l’avance un texte (littéraire ou théorique) qui servira de point de départ à la présentation de vos travaux. La présentation permettra notamment l’exposition et la discussion de problématiques encore irrésolues, de questions ouvertes, de réflexions en cours.

Notes
[1] Jacques Rancière, Politique de la littérature, Paris, Galilée, 2007.

[2] Questions abordées récemment dans l’essai de Justine Huppe, La littérature embarquée, préface de Jean-François Hamel, Paris, Editions Amsterdam, 2023 et l’enquête, auprès de 26 écrivains contemporains français, d’Alexandre Gefen, La littérature est une affaire politique, Paris, Editions de l’Observatoire, 2022.

• Mardi 5 décembre 2023 (17h00)
  Yves Gardes, « L’Esthétique de la réticence : la tension politique souterraine dans la poésie de George Santayana« 
• Jeudi 29 février 2024 (16h30)
  Pauline Corre-Gloanec, « Die Reise [Le voyage] de Bernward Vesper: roman, essai, autobiographie ? » & Moritz Schertl « La représentation de l’émeute populaire dans le théâtre de la Révolution : l’exemple de la prise de la Bastille« 
• Jeudi 14 mars 2024 (16h30)
  Périne Schir, « Michel Houellebecq: la diffusion des idées d’extrême droite dans le champ littéraire » — SÉANCE ANNULÉE
• Mardi 2 avril 2024 (16h30)
  Myriam Boussahba-Bravard, Florence Cabaret, Marc Martinez, « Politique d’un genre : la romance de langue anglaise du XVIII^e au XXI^e siècle« 
• Jeudi 23 mai 2024
  à préciser

Informations pratiques
Les séances du séminaire ont lieu en salle A 600 et par visio-conférence.

Contacts
anne.besnault@univ-rouen.fr
karine.winkelvoss@univ-rouen.fr