Se perdre dans le texte : L’Homme qui tombe de Don DeLillo

Date : 1er décembre 2015
Horaire : 16h30
Lieu : Salle du conseil de l'UFR des lettres, bât A, 3è étage.

Dans le cadre du séminaire de l’axe 1 de l’ERIAC (2015-2016) dont le thème est “Espaces, temps, identités”,
Anne-Laure Tissut interviendra sur le sujet suivant :

Se perdre dans le texte : L’Homme qui tombe de Don DeLillo

Résumé : Sera ici abordée la question du rôle de la lecture dans l’élaboration identitaire, autrement dit dans la construction de l’identité du lecteur. En acceptant de se perdre dans le texte littéraire, loin des préoccupations du quotidien, le lecteur découvre et développe des pans de son être parfois insoupçonnés. À partir d’exemples tirés du roman Falling Man, de Don DeLillo (2007), on cherchera à montrer en quoi l’espace textuel, doté de structures spécifiques, ouvre au lecteur des voies de confirmation et d’enrichissement de son identité à travers la rencontre de l’autre, l’autre étant entendu au double sens de ce qui lui est étranger et de ce qu’il trouve identique à lui dans le roman, ou ressemblant : un autre lui-même, son alter ego tel qu’il est représenté dans le texte. Parce que Falling Man entreprend de mettre en scène l’altérité radicale, du terrorisme et de l’événement, par nature inconcevable, ce roman pose la vaste question propre à toute écriture, et peut-être pas seulement littéraire : que dire d’un être pour que le lecteur puisse se le représenter ? Comment faire que la magie permettant d’entrer dans l’esprit et le corps d’un personnage opère ? On s’intéressera aux stratégies textuelles mises en œuvre dans Falling Man, en particulier dans la représentation des personnages et de l’événement, pour tenter d’apporter des éléments de réponse à ces questions. Un certain type de roman contemporain volontiers dit fragmentaire est-il mieux à même que le roman réaliste conventionnel d’ouvrir au lecteur cet accès à l’autre, en lui offrant ce que Bertrand Leclair nomme une « expérience du roman »(Bertrand Leclair, in Devenirs du Roman, collectif Inculte, Ed. Naïve, 2007, p. 309-325), confrontation au vide qui force l’imagination, le lecteur emboîtant le pas de l’auteur dans cette expérience ?

Références bibliographiques :
Don DeLillo, Falling Man, Scribner, NY, 2007.
L’Homme qui tombe, Actes Sud, trad. Marianne Véron, 2008.
François Laplantine, Son, images et langage. Anthropologie esthétique et subversion, Paris, Beauchesne, 2009.
Betrand Leclair, Théorie de la déroute, Verticales, 2001.
Jean-Marie Schaeffer, Pourquoi la fiction ? Paris, Seuil, 1999.