Appel à communications « Problématiques et enjeux de l’enseignement de l’espagnol en filière LEA »

La didactique de l’espagnol dans la filière de Langue Étrangère Appliquée

Travaillant depuis plusieurs années en tant qu’enseignant.e.s d’espagnol en licence et master LEA nous sommes parvenus à la conclusion qu’il s’agit d’une expérience très enrichissante mais qui implique beaucoup de particularités dont on n’a peut-être pas suffisamment l’occasion de parler, par manque d’espaces propices à à la réflexion, à l’échange et au débat.

Les profils de nos étudiants sont nettement différents de ceux de la filière LLCE tant au niveau des centres d’intérêt que des projets de vie et professionnels. Le niveau un de connaissances et leurs capacités à s’exprimer en espagnol (surtout en L1), sont très hétérogènes. Par ailleurs, l’apprentissage simultané et approfondi de deux langues vivantes peut générer une forme particulière de « concurrence » (soit perçue, soit réelle) et des difficultés d’apprentissage.

Au-delà de l’obligation d’adapter les enseignements à un contexte dit « professionnalisant », les enseignant.e.s intervenant de manière ponctuelle ou pérenne en LEA sont confrontés à un auto-questionnement permanent et intégral sur l’orientation de nos enseignements, sur notre manière d’aborder les différents points du programme et bien sûr sur les modalités d’organisation et le déroulé des séances de cours. Quels outils didactiques sembles les plus efficaces pour faciliter l’apprentissage et agir sur la motivation des étudiant.e.s ? Comment repenser nos activités pour permettre l’acquisition de connaissances, de compétences et de savoir-êtres professionnels ? Comment évaluer ces différents apprentissages ?

Un autre aspect essentiel de la réflexion autour de la filière porte sur l’éventail extrêmement ouvert des débouchés professionnels envisageables notamment au niveau du Master. Si les étudiant.e.s des Master liés à la filière LLCE (le territoire de l’hispanisme par excellence) ambitionnent, dans une majorité des cas, de s’orienter soit vers la préparation des concours du secondaire (CAPES ou Agrégation), le suivi de carrière des anciens étudiant.e.s diplômé.e.s d’un Master LEA a de quoi donner le tourni. L’extrême diversité des carrières embrassées par nos ancien.ne.s étudiant.e.s est sans doute le reflet de l’hétérogéneité des Master LEA à l’échelle nationale. Certain.e.s tournent d’ailleurs très vite le dos à la dimension internationale de leur formation et semble envisager la formation LEA comme une alternative peu coûteuse à une école de commerce, de journalisme ou de communication, ce qui est également une source d’interrogation sur nos missions. La variété des parcours de spécialisation offerts en Master implique un effort important d’adaptation de la part des enseignant.e.s et a un impact indéniable sur nos orientations pédagogiques .

En ce sens, on doit ici évoquer une réalité centrale dans l’expérience de l’enseignements en LEA : l’accompagnement et l’encadrement du stage en milieu professionnel. Ces expériences cruciales pour des étudiant.e.s anxieux de faciliter leur insertion professionnelles sont aussi un élément majeur dans l’attractivité de la filière LEA au point que la vie universitaire, particulièrement en Master, semble s’organiser tout entière autour des stages. De manière très concrète, l’intégration de ces derniers dans le cursus universitaire suppose, généralement, une adaptation drastique du calendrier universitaire de la formation qui se retrouve, de ce fait, en décalage avec les autres filières. Comment concevoir nos cours et notre progression sur des semestres écourtés mais plus dense ? D’autre part, les stages obligent les enseignant.e.s à composer avec la « triade » qui obsède les étudiant.e.s de LEA: la recherche du stage (chronophage et energivore) ; le départ en stage ; la rédaction du mémoire de stage. Celles et ceux d’entre nous qui acceptent/décident d’être référent.e.s universitaires des étudiant.e.s (sans avoir, pour certain.e.s jamais travailler en entreprise) se retrouvent là encore confrontés à de nouvelles questions. Il s’agit, bien évidemment, d’adopter, auprès des étudiant.e.s, une posture de médiateur.ice entre monde universitaire et expérience professionnelle et de les aider à développer une réflexion critique sur cette dernière répondant aux critères d’exigence et de méthodologie d’un niveau Master. Mais ce statut de tuteur.ice universitaire des étudiant.e.s stagiaires nous amène souvent à remplir des missions parfois très éloignées du champ de l’espagnol (aide à la recherche de stage, tâches administratives, négociation, information « touristico-culturelle », médiation, coaching, psychologie…). Identifié.e.s par les étudiant.e.s que nous encadrons comme LEUR interlocuteur.ice, nous nous transformons ainsi en conseiller.ère.s d’orientation, en agence de voyage, en coach.e.s, en juristes et ce d’autant plus facilement que le personnel administratif est souvent bien démuni pour orienter et guider des étudiant.e.s avec un profil international.

Pour toutes ces raisons, nous avons pris l’initiative de créer un espace de discussion et de partage, sous la forme d’une journée d’études, afin de permettre à nos collègues spécialistes de civilisation, linguistique ou littérature des aires hispanophones de s’exprimer sur leurs expériences en tant qu’enseignants d’espagnol dans la filière LEA. Nous aimerions que cette journée soit l’occasion d’aborder les différent.e.s problématiques au cœur de l’enseignement de l’espagnol en LEA et de découvrir les projets pédagogiques innovant.e.s que certain.e.s ont pu mettre en œuvre (avec ou sans succès) projettent d’initier prochainement. Toute réflexion argumentée autour de la pratique professionnelle d’enseignement, de tutorat ou d’administration que vous avez vécue tant en licence qu’en master LEA, à même de susciter la discussion et de stimuler la réflexion collective sera la bienvenue.

INFORMATIONS

Collège d’Espagne
7e boulevard Jourdan
75014 Paris

Vendredi 3 juin 2022

CALENDRIER

Réception des propositions jusqu’au 25 mars 2022.

ORGANISATION