Poésie et correspondances d’auteur: enjeux et effets de l’hybridation

Date : Mardi 27 mai
Horaire : Journée
Lieu : Salle du CETAS (A506)

Intervention d’Oriane Monthéard (U. Rouen, ERIAC)

Séminaire de clôture de « Transferts, hybridation: histoire, discours, fiction » (cliquez sur le lien pour retrouver le programme du séminaire et toutes les informations).

Au plus près de l’écrivain et de son œuvre, une correspondance d’auteur est non seulement un outil de recherche très précieux dans des domaines divers mais aussi, dans certains cas, un texte fascinant qui peut révéler une qualité littéraire. Quel statut attribuer à cette écriture hétérogène a priori non fictionnelle et non destinée à la publication ? Comment et pourquoi étudier la correspondance d’un auteur ? Je propose en un premier temps de présenter les différents statuts attribués par la critique aux correspondances d’auteur, les codes qui régissent l’écriture épistolaire ainsi que les enjeux qui y sont attachés.

Aussi, le rapport avec l’œuvre, dont les lettres sont parfois les coulisses, peut prendre des formes multiples en établissant des liens plus ou moins serrés. On prendra comme exemple la correspondance de John Keats, extrêmement riche en transpositions poétiques diverses – l’écriture épistolaire et l’écriture poétique, toutes deux fondées sur l’énonciation commune de l’adresse, entretiennent des relations privilégiées – pour examiner comment lettres et poèmes peuvent dialoguer et échanger leur tonalité, leurs effets, leur destination. De cette contamination à double sens, qui agit dans la correspondance et dans l’œuvre, naissent des textes et fragments d’œuvre de nature hybride ou aux fonctions interchangeables. Se pose alors plusieurs questions méthodologiques : à quel moment reconnaît-on un passage à portée esthétique dans le texte non littéraire ? Quels outils employer ? Est-il possible de déceler des « indices » de littérarité ?

Aussi, l’existence de ces textes et écrits dont on aura reconnu la littérarité remettent en question la définition et le lieu de l’œuvre, et ébranlent les frontières entre la sphère privée des écrits intimes et le domaine public auquel appartient le recueil ; elle soulève aussi la question de la valeur du texte lorsque ce dernier est extirpé d’un contexte épistolaire qui tend à l’‘historiciser’.

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Oriane Monthéard est maître de conférences à l’Université de Rouen, membre de l’ERIAC : http://eriac.univ-rouen.fr/author/oriane-montheard/

Voir aussi l‘argumentaire du séminaire de l’Axe 2 et le programme de l’année 2013-2014 : « Transferts, hybridation: histoire, discours, fiction ».