Neurophénoménologie de la surprise
Intervention de Michel Bitbol (directeur de recherche au CNRS, Archives Husserl, ENS)
lors du Colloque
« La surprise à la croisée de la phénoménologie, de la psychiatrie et de la pragmatique »,
le 21 mars 2013
Audio-vidéo : http://www.univ-rouen.fr/audio/index.php?vid=337
Résumé : Une théorie du système nerveux central a été formulée récemment, en termes très généraux de nature thermodynamique. Il en ressort que la fonction du système nerveux central, et plus largement le mode d‟opération optimal des unités autopoïétiques vivantes, est la minimisation de la surprise. Le système nerveux remplit sa fonction, l‟animal assure sa viabilité, en ajustant leur organisation interne et leur niche écologique de manière à rendre ce qui leur arrive maximalement prévisible et minimalement générateur d‟entropie. Quel est le corrélat en première personne de cette description en troisième personne de l‟adaptation des êtres vivants dotés d‟un système nerveux ? À quoi correspond phénoménologiquement cet état recherché de surprise minimale ? Une suggestion plausible est qu‟il ressemble fortement à un vécu de « déjà vu », ou à un rêve répétitif. Par contraste avec cela, la surprise se vit selon Maldiney comme la rencontre brusque (heureuse ou malheureuse) avec une réalité enfin authentique, parce que inassimilable aux planifications comme aux songes. La surprise est une commotion pour le système nerveux, un risque pour l‟être vivant, mais elle est éprouvée comme un éveil à ce qui est.