L’espagnol du XIXe « vu» à la télévision: phraséologie et autres désuétudes dans la série Acacias 38 (RTVE)

Date : 13 mars 2018
Horaire : 16h30-18h00
Lieu : UFR LSH | Bât. 3 | Salle A509 | Mont-Saint-Aignan

Acacias 38 est une « telenovela », un feuilleton télévisé quotidien, qui, depuis 2015, par l’hybridité générique (thriller, histoire et drame sentimental), nous donne à voir la vie des habitants d’une rue (la rue Acacias) d’un quartier bourgeois d’une ville espagnole en 1899. La cohabitation entre les habitants les plus fortunés, aristocrates et bourgeois, et leurs domestiques est un générateur fondamental d’action dramatique. Cette série, selon les créateurs, s’inscrit dans la lignée des productions anglo-saxonnes comme Downton Abbey (2010-2015), Upstairs Dowstairs (Maîtres et Valets, 1971-1975), le film réalisé à partir du roman The Help (La couleur des sentiments, 2011, 2009) ou encore les séries espagnoles La Señora (2008-2010), Seis Hermanas (2015-2017) ou El secreto de Puente Viejo (2011-). Cette série doit beaucoup, également, au réalisme littéraire espagnol du XIXe, aux œuvres de Benito Pérez Galdós, auteur de Fortunata y Jacinta entre autres œuvres magistrales, de Vicente Blasco Ibáñez, d’Emilia Pardo Bazán, de Leopoldo Alas ‘Clarín’, etc.

En regardant ce feuilleton adressé à un public du XXIe siècle, on est interpellé par la volonté des scénaristes de rapprocher la fiction d’une supposée réalité linguistique de la fin du XIXe siècle. Les scénaristes cherchent à donner l’impression au téléspectateur que les personnages sont plus vrais que nature et, donc, ils se doivent de parler un espagnol chargé d’anachronismes.

Certes, l’une des raisons de cet anachronisme peut être l’influence des romans réalistes où les personnages dialoguent dans la langue que leur statut social leur confère, dans le cas de Galdós, et, de plus, une langue imprégnée d’un « casticisme madrilène » chargé de dictons, d’argot et de prononciations populaires.

L’autre des raisons que nous pouvons évoquer naît de la confluence sur la scène des domestiques et des bourgeois. En effet, le registre de langue utilisé par les domestiques est marqué par une surabondance de phraséologie et autres formes lexicalisées désuètes ainsi que par une prononciation populaire très marquée. Cependant, l’emploi d’une phraséologie abondante n’est pas exclusif des domestiques car l’ensemble des personnages aisés est très hétéroclite et leur manière de parler est marquée par leur propre histoire (les origines plus ou moins modestes, le métier exercé, les relations amoureuses, etc.).

À travers une étude de corpus, nous allons montrer comment les scénaristes pensent l’espagnol du XIXe grâce à la phraséologie surabondante, à la prononciation populaire et au traitement de courtoise. Nous ferons également des parallèles avec la littérature de l’époque afin de montrer en quoi ce travail de scénarisation s’éloigne des textes de référence. Par ailleurs, il sera important de déterminer comment une langue désuète peut ne pas être une barrière pour la compréhension de la part des téléspectateurs.

César Ruiz Pisano, agrégé d’espagnol qualifié à la fonction de maître de conférences, docteur en langues et littératures étrangères avec une thèse en didactique de langues intitulée Théorie et pratiques de la compréhension audiovisuelle dans l’enseignement de l’espagnol langue étrangère (sous la direction de J. Vicente Lozano, 2016), enseigne en tant que Prag à l’Université de Rouen Normandie et est membre permanent du Laboratoire de recherche ERIAC (EA 4705). Ses articles et communications portent sur le document audiovisuel en tant que source de savoirs socioculturels et d’analyse linguistique.

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