Les expressions de l’obligation et l’intersubjectivité

Date : 16 février 2021
Horaire : 16h30-18h
Lieu : Zoom

Les expressions de l’obligation et l’intersubjectivité

Esquisse typologique

Alain Christol (Université de Rouen)

Contrairement à l’ordre, qui a un mode spécifique (impératif), l’obligation s’exprime par de multiples formes linguistiques, dont plusieurs ne lui sont pas spécifiques ; le locuteur doit donc choisir l’expression la mieux adaptée au contexte.

À partir de données prises dans diverses langues, l’exposé étudie un des critères de choix, le rapport hiérarchique entre le locuteur et le destinataire-exécutant.

Quand le locuteur a autorité sur le destinataire, il impose l’application de la loi de façon directe : il faut…, vous devez… Il arrive même qu’il se confonde avec le législateur en employant l’impératif.

Quand il est en situation d’infériorité, il doit recourir à des stratégies plus subtiles : dire la loi, en taisant sa pertinence dans le contexte, énoncer une vérité d’expérience ou recourir à l’implicature, dire il est possible  en espérant que le destinataire en déduira il est nécessaire.

Troisième situation : le locuteur et le(s) destinataire(s) se sont mis d’accord sur un programme ; à chaque étape, le locuteur mentionne les contraintes nées de ce programme : il faut examiner… ; mais il peut aussi associer le destinataire, auquel il est lié par le contrat initial : nous allons examiner…

En grec, l’adjectif verbal en -téos exprime l’obligation, en concurrence avec les auxiliaires deĩ  et khrḗ + infinitif « il faut ». Il s’est peu à peu spécialisé dans l’expression de ces contraintes programmatiques, en intégrant les sèmes de nũn « maintenant » et hēmĩn « pour nous » (personne concernée par l’obligation). Des exemples pris chez les Orateurs et Platon illustrent cette fonction. Skeptéon seul signifie désormais « nous devons maintenant examiner… ».

Un autre domaine recourt aux discours programmateurs, celui des recettes de cuisine ; le recueil latin du IVe s., attribué à Apicius, utilise deux moyens linguistiques : l’indicatif présent descriptif et la forme en to (infinitif dit « futur »).

Références bibliographiques

Christol, Alain. 2008.  « Pour une typologie de l’obligation », « Le double repère temporel des énoncés d’obligation », Des mots et des mythes, Rouen, PURH, p. 141-158 et 159-178.

David, Hugo, 2017. « Une ontologie du commandement ?  Réflexions sur l’idée d’existence, l’impératif et l’objet du Veda », Théorèmes  11. https://doi.org/10.4000/theoremes.1216

Denizot, Camille, 2011.  Donner des ordres en grec, Rouen, PURH

Denizot, Camille, 2019, « L’adjectif verbal d’obligation en grec ancien : quelques particularités modales », Epilogos 6, 2019.

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