« Leísmo, laísmo et loísmo » sous le prisme de la composante pronominale. Une approche sémasiologique.

Date : Mardi, 9 avril 2013
Horaire : 16h30-18h
Lieu : A 600 Salle de l'ERIAC

Justino Gracia Barrón (GERLHIS – Univ. Paris 3)

« Leísmo, laísmo et loísmo » sous le prisme de la composante pronominale. Une approche sémasiologique.

Les pronoms atones existenciels de troisième personne présentent en espagnol des fonctionnements spécifiques que l’on connaît sous le nom de leísmo, de laísmo et de loísmo. Est appelé leísmo l’emploi de le ou de les –formes dévolues en principe à la pronominalisation du COI– lorsque ces formes-là pronominalisent un Complément d’Objet Direct dont l’antécédent est majoritairement masculin, parfois féminin; on appelle laísmo l’emploi de la ou las – formes canoniques COD– pour “dire” un Complément d’Objet Indirect dont l’antécédent est féminin; loísmo est le recours à lo ou à los pour transcrire un COI à antécédent masculin.

Cette pronominalisation des clitiques met en branle trois composantes : le verbe, l’antécédent et la forme pronominale.

Le verbe et les fonctions que celui-ci propose à la forme pronominale ont été souvent étudiés  et ce sous différents angles –en synchronie, en diachronie, dans ses variantes topolectales, sociolectales…– donnant lieu à des distinctions telles que “funcionamientos anómalos” et “funcionamientos aparentemente anómalos” (“fontionnements irréguliers” et “fonctionnements apparemment irréguliers”) selon que le verbe aura modifié ou non son régime entre le latin et le castillan (Marcos Marín, 1978).

Les caractéristiques sémantiques de l’antécédent (‘personne’/’non-personne’; ‘animé’/’non-animé’; ‘comptable’/’non-comptable’…) ont été étudiées (Inés Fernández-Ordóñez, Angelita Martínez, Francisco García González, Flora Klein-Andreu, parmi d’autres) pour expliquer tel ou tel fonctionnement ou pour définir telle ou telle isoglosse.

La forme pronominale quant à elle, – indispensable, puisque elle signe l’emploi éventuellement “transgressif” –  n’a été étudiée que pour délimiter les zones d’expansion de tel ou tel fonctionnement (on affirme ainsi que le laísmo est purement centro-péninsulaire, ainsi que le loísmo), pour élucider les origines du leísmo dans sa relation avec la période de l’apocope extrême ou dans le contact avec le basque, pour l’attibution d’une valeur  sociale à tel ou tel écart pronominal, mais jamais en elle-même et pour elle-même ; jamais on ne s’est posé la question de savoir ce que le pronom apportait à chacun de ces fonctionnements  dits “irréguliers”, ni celle de savoir ce que l’apparition de le  pour pronominaliser un COD, ou celle de la pour un COI, dévoilaient du contenu notionnel des formes pronominales elles-mêmes.

Inscrite donc dans l’axe de la variation linguistique, cette intervention aura pour objet l’étude des fonctionnements “hors-norme” (“incorrects”, “transgressifs”, “irréguliers”…) des formes pronominales atones de troisième personne en l- (lo, la, los, las, le, les”). On ne s’attardera pas sur les aspects du phénomène liés à la forme verbale, ni sur ceux en rapport avec les caractéristiques morphosémantiques de l’antécédent. L’analyse, fondée sur des énoncés authentiques extraits du Corpus de la Real Academia Española et d’autres recueillis personnellement, se limitera à l’étude des formes pronominales qui y apparaissent. L’hypothèse que l’on tentera de valider est la suivante : aucun de ces fonctionnements pronominaux –qu’ils soient “normés”, ou “transgressifs” au regard de la norme– ne disconvient avec le signifié de langue des formes pronominales qui le portent. À partir de ce postulat, on essaiera de :

1.     préfigurer un schéma du signifié de langue de chacun des clitiques en l– espagnols,
2.   justifier l’apport des différentes formes pronominales, aussi bien dans les emplois dits “normés” que dans les emplois  qualifiés d“incorrects”.

Bibliografía :
-ANDRES-SUÁREZ, Irene. 1994. El verbo español. Sistemas medievales y sistema clásico, Madrid, Gredos.
-CANTERO SANDOVAL, Gustavo, 1979, “Casos de leísmo en México”, en Anuario de Letras, XVII, p. 305-308.
-CARAVEDO, Rocío, 1996-7, “Pronombres objeto en el español andino”, en Homenaje al doctor Germán de Granda. Anuario de Lingüística Hispánica, t.. XII, 2, p. 545-68.
-FERNÁNDEZ-ORDÓÑEZ, Inés, 1993, “Leísmo, laísmo y loísmo : estado de la cuestión”, en Olga Fernández Soriano (ed.), Los pronombres átonos, Madrid, Santillana, p. 63-96.
– FERNÁNDEZ-ORDÓÑEZ, Inés, 1999, “Leísmo, laísmo y loísmo”, en I. BOSQUE y V. DEMONTE (dirs.), Gramática descriptiva de la lengua española, Madrid, Espasa-Calpe, t. I, p. 1317-1397.
– GRACIA BARRÓN, Justino, 1999, De la pronominalité aux pronominalités : le cas des pronoms personnels atones de troisième personne en espagnol, Lille, Presses Universitaires du Septentrion.
GRACIA BARRÓN, Justino, 2000, “Le le anumérique”, en Y. MACCHI (éd.), Panorama de la lingüistique hispanique, Lille 2000, Lille, Collection UL3, Travaux et recherches.