Le Même et l’Autre

Date : 7-9 juin 2011
Colloque de l’ERIAC
7-9 juin 2011/June 7-9, 2011

Appel à communication

 « Etrangement, l’étranger nous habite : il est la face cachée de notre identité […]. De le reconnaître en nous, nous nous épargnons de le détester en lui-même. »
(Julia Kristeva)

  « Personne n’est intrinsèquement Autre, il ne l’est que parce qu’il n’est pas moi ; en disant qu’il est autre, je n’ai encore rien dit vraiment ; pis, je n’en sais rien et n’en veux rien savoir, puisque toute catégorisation m’empêcherait de le maintenir dans cette rubrique purement relative, l’altérité. »
(Tzvetan Todorov)

 

La question du Même et de l’Autre fait partie des interrogations qui sont au centre des grands courants littéraires et philosophiques modernes, de l’existentialisme au postmodernisme et au postcolonialisme. Elle a déjà été abordée selon différentes perspectives car elle s’inscrit dans un espace intellectuel vaste qui va de la philosophie, de la morale, du juridique aux sciences de l’homme et de la société. Même si les concepts philosophiques de l’identité et de l’altérité ont déjà été largement abordés et éclaircis dans des travaux passés ou récents (notamment lors d’un colloque transdisciplinaire de l’ERIAC consacré à « La construction du sujet »), la question reste à débattre et à revisiter, en évitant les redites et les stéréotypes et en faisant appel aux nouvelles disciplines de la recherche contemporaine que sont les études filmiques, iconographiques, etc.

Quelle est donc l’actualité de cette question en ce début de XXIème siècle, qui voit un retour sur un questionnement concernant l’identité du colonisateur, de l’ex-colonisé, de l’ex-esclave, du migrant, de l’immigré ? Dans ce contexte historique précis, quelle dimension innovante peut-elle être apportée à la question du rapport complexe qui existe entre moi-même et les autres, partant de l’idée que le moi se constitue à la faveur d’une rencontre avec l’Autre, que celui-ci joue un rôle majeur dans l’émergence du soi individuel et dans l’accès à la conscience de soi, et que la rhétorique de l’altérité s’exprime dans cette expérience de la rencontre, de la reconnaissance, voire de la peur de l’Autre qui peut conduire à son inclusion/exclusion ? En quoi les grands théoriciens de la question, comme Ricœur, Todorov, Berman, Lejeune, Fanon, nous interpellent-ils encore ?

Dans ce colloque, il s’agira donc de renouveler l’ancienne dialectique du Même et de l’Autre, de l’Identité et de l’Altérité, en interrogeant notamment les constructions culturelles, socio-politiques et nationales de ce rapport entre identité et altérité. La première se révèle inséparable de la seconde. Quant à l’altérité, condition de l’émergence identitaire, elle est liée à la conscience de la relation aux autres considérés dans leur différence. Ces problèmes sont particulièrement aigus à une époque où l’on assiste à une redéfinition des identités qui se présentent comme ouvertes et mouvantes, résultant du métissage et du multiculturalisme, mais qui peuvent également se replier sur elles-mêmes, dans un contexte d’affirmation de l’identité nationale où l’on assiste à la mise en place de politiques identitaires imposées axées sur le rejet de l’Autre et le retour à des critères identitaires « ancestraux »..

Du Même et de l’Autre, où se situe le repère ? Le Même absorbe-t-il l’Autre ? On mettra en perspective les relations à l’autre, l’appartenance sociale et leur traduction dans les manifestations concrètes de la vie quotidienne et de la production sociale, littéraire, artistique, linguistique, intellectuelle. On s’intéressera aux différentes formes de spécification de la relation entre le soi et l’autre, notamment en termes de semblable/dissemblable, minorité/majorité, autochtone/étranger, etc., et ce, dans une approche non seulement pluridisciplinaire mais aussi transdisciplinaire. À travers un éventail représentatif d’aires géographiques, place sera faite aux dimensions littéraires, artistiques, historiques, politiques, sociologiques, juridiques mais également ethnologiques et psychologiques de la question. Plus particulièrement, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort du psychiatre martiniquais Frantz Fanon, une session du colloque sera consacrée à un réexamen de son œuvre, de son héritage et de sa pertinence actuelle, à travers une approche ethnopsychologique de la question du Même et de l’Autre.

Calendrier :

Les propositions de communications sont à envoyer avant le 7 février 2011 à Cécile Fouache (cecile.fouache @univ-rouen.fr), Marie-José Hanai (Marie-Jose.Hanai@univ-rouen.fr) et Farida Majdoub (farida.majdoub@univ-rouen.fr) accompagnées d’un résumé de 300 mots en français et en anglais et 5 lignes biographiques.

Les notifications d’acceptation des propositions seront envoyées au plus tard le 15 février 2011.

Une sélection d’articles issus des communications présentées sera publiée aux presses des Universités de Rouen et du Havre.