Le Livre de l’intellect de Charles de Bovelles : une théorie de l’intellect et de la connaissance en France dans les premières décennies du XVIe siècle
Horaire : 14h00-17h00
Lieu : UFR LSH | Bât. 3 | Salle A509 | Mont-Saint-Aignan
Soutenance de la thèse de doctorat de M. Gauthier Abiven :
« Le Livre de l’intellect de Charles de Bovelles : une théorie de l’intellect et de la connaissance en France dans les premières décennies du XVIe siècle ».
Jury :
- Mme Clara AUVRAY-ASSAYAS (Université de Rouen Normandie ; co-directrice de thèse)
- M. Joël BIARD (Université François Rabelais de Tours-Centre d’Études Supérieures de la Renaissance ; rapporteur)
- M. Emmanuel FAYE (Université de Rouen Normandie ; directeur de thèse)
- Mme Anne-Hélène KLINGER-DOLLÉ (Université Toulouse 2 Jean Jaurès)
- Mme Fosca MARIANI ZINI (Université François Rabelais de Tours-Centre d’Études Supérieures de la Renaissance ; rapporteur)
- M. Richard OOSTERHOFF (The University of Edinburgh)
Résumé : Le volume de 1511 est considéré par beaucoup comme étant un des plus importants volumes philosophiques écrits au début du XVIe siècle en France. Pour cette raison, de nombreux traités tirés de ce volume ont été édités et traduits depuis le début du XXe siècle. Cependant, le premier traité, le Livre de l’intellect, n’a pas encore été édité et traduit. Mon travail de thèse consiste en premier à combler ce manque. À partir de ce travail, il m’a semblé nécessaire de contextualiser ce traité. J’ai, pour cela, d’une part, étudié le latin de Bovelles dans l’index et le lexique et, d’autre part, proposé une analyse suivie de l’œuvre (première partie). Ce premier travail m’a permis de préciser les problèmes philosophiques auxquels Bovelles essaie de répondre. Dans le Livre de l’intellect, les principaux problèmes philosophiques rencontrés touchent la théorie de l’intellect défendue et la théorie de la connaissance qui en découle. L’approfondissement de la théorie de l’intellect (deuxième partie) montre que, malgré d’importants liens avec le platonisme, Bovelles s’appuie sur la conception de l’intellect développée par Aristote afin de définir l’intellect et de penser la distinction fondatrice entre l’intellect humain et angélique. Ce constat inscrit Bovelles dans la continuité des commentateurs du De anima d’Aristote même s’il ne reprend pas leur méthode. Comme ces prédécesseurs, Bovelles essaie de résoudre les problèmes laissés sans réponse par Aristote : l’âme est-elle immortelle ? Existe-t-il un intellect commun à tous les hommes ? Et si l’intellect est particulier, est-il séparé de l’âme ? Les réponses de Bovelles sont marquées par une argumentation originale fondée sur son art des opposés qui lui permet de former des analogies entre le monde physique et le monde intellectuel. Par exemple, ses arguments pour défendre l’immortalité de l’âme reprennent la théorie de l’altération défendue par Buridan. À partir de ses réponses, Bovelles construit une théorie de la connaissance s’appuyant sur les acquis de sa théorie de l’intellect (troisième partie). La différence ontologique entre les deux intellects implique en effet une différence dans la connaissance des choses. L’ange connaît toutes choses par son essence alors que l’homme connaît toutes choses grâce aux espèces intellectuelles qu’il extrait du monde. L’étude de cette distinction m’a conduit d’une part à comparer la position de Bovelles à propos des connaissances angéliques à ses prédécesseurs afin d’estimer l’originalité de sa thèse. D’autre part, cela m’a permis d’approfondir la manière dont l’espèce est abstraite du monde puis conservée dans la mémoire. Cette conservation interne des espèces permet à l’homme de reprendre leur mémoire afin de connaître toutes choses et ainsi d’égaler en quelque sorte la connaissance angélique.