L’Amérique Latine d’aujourd’hui : Quelles politiques économiques et sociales?

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À l’occasion de la célébration des 20 ans du Master de Management et Commerce International option Échanges avec l’Amérique Latine de la Faculté des Affaires Internationales, le Groupe de Recherche Identités et Cultures (GRIC) ainsi que le laboratoire IDEES de l’université du Havre en collaboration avec les laboratoires normands partenaires ERIAC (Rouen) et ERLIS (Caen) organisent un colloque sur les politiques économiques et sociales actuelles en Amérique Latine.

Le développement et la maturité macroéconomiques de l’Amérique Latine ne sont plus à prouver. Ainsi, selon le dernier rapport de la Commission Économique pour l’Amérique Latine et les Caraïbes (CEPAL / Nations Unies, 2017), une croissance économique de 2% est prévue pour la région en 2018, grâce au dynamisme du Mexique, du Brésil, de la Colombie et de l’Argentine. Cet élan est dû également à la croissance du commerce à l’échelle mondiale et à la hausse du coût des matières premières exportées (expliquée en partie par l’augmentation de la dépense militaire des Etats-Unis qui nécessitent des métaux tels que le cuivre, le plomb et le zinc). De plus, comparé à 2017, il y aura un plus grand investissement étranger dans les produits manufacturés des économies dominantes, dans les énergies renouvelables du Pérou, du Brésil, du Chili et du Mexique, dans l’industrie minière de métaux et autres ressources naturelles de plusieurs pays, et dans le tourisme en Amérique Centrale. Par ailleurs, la CEPAL (2017) a annoncé « qu’il manque un sens d’urgence aux gouvernements de la région…celle-ci doit se joindre à la révolution des matériaux, à la révolution de la nanotechnologie, de la biotechnologie et de la technologie digitale ».

Néanmoins, on est toujours en droit de se demander à quel point les gouvernements latino-américains connectent croissance économique avec bien-être et justice sociale. L’augmentation du recouvrement fiscal et de la capacité de dépense des gouvernements est-elle accompagnée d’une bonne gestion des ressources en vue d’une meilleure qualité de vie des citoyen.n.es en termes d’accès à la santé, à l’éducation et au logement (y compris eau et électricité)? De plus, si croissance signifie production plus élevée, donc création d’emploi, comment expliquer que le taux de chômage urbain ait été de 9,4% en 2017?  (CEPAL, 2017). A cela nous ajouterons que dans les pays latino-américains où s’appliquent des politiques néolibérales, l’industrie minière et d’extraction d’autres ressources naturelles telles que le bois de construction, est entre les mains de multinationales dont les intérêts sont protégés et défendus par l’État du pays où ils investissent. Cela se produit à travers une forte répression policière et militaire contre les citoyen.n.es qui s’organisent collectivement pour empêcher une telle extraction – comme cela s’est produit à Cajamarca (Pérou) – à cause de la disparition de lagunes naturelles, de la confiscation des terres habitées par les communautés paysannes autochtones, et de la contamination des eaux qui provoque des maladies graves chez les enfants et les adultes, mais aussi chez les animaux appartenant à ces communautés.

Le Brésil, suivi du Pérou, sont les pays les plus dangereux d’Amérique Latine pour les populations indigènes qui défendent leurs terres et environnement. Depuis le 31 août 2016, date à laquelle la présidente Dilma Roussef a été destituée sans base légale, 76 personnes ont été assassinées en Amazonie brésilienne en raison de conflits concernant l’occupation des terres (Comissão Pastoral da Terra (CPT) & Rede Eclesial Pan-Amazônica (REPAM), 2017). Entre 2002 et 2014, 57 personnes ont été tuées au Pérou, où 80% de ces assassinats se produisent dans le secteur de l’industrie minière, avec 40 morts en une décennie, alors qu’entre 2012 et 2014, 5 hommes de la tribu Ashaninka ont été tués en Amazonie péruvienne pour avoir voulu stopper la déforestation illégale (Global Witness, 2014). De la même manière, en 2014, un indigène de la tribu Shuar en Equateur, a perdu la vie pour s’être opposé à l’exploitation d’or et de cuivre.  Il faut signaler que face à cette situation, les multinationales canadiennes, nord-américaines et européennes vendent leurs entreprises à des transnationales chinoises dont les investissements augmentent dans la région. Par ailleurs, les forces de sécurité gouvernementales jouissent de toute impunité en cas d’usage de la violence contre des civils fondamentalement pacifiques.

Ces guerres asymétriques entre sociétés civiles humiliées et États qui se préoccupent – malgré un discours officiel de protection de l’environnement – de défendre les intérêts des multinationales au détriment des ressources naturelles et des populations les plus pauvres d’Amérique Latine, correspond à un ordre néolibéral et à une colonialité du pouvoir (Quijano, 2007) où la croissance économique ne sert point le bien-être social, et où les élites économiques et politiques travaillent de concert avec le Fond Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale pour réduire le rôle de l’État.

Ceci se manifeste également dans le secteur de la santé, de l’éducation et de l’emploi, ce qui implique par ailleurs une féminisation de la pauvreté, les femmes étant les plus affectées. Les conflits sociaux abondent dans la région, et émergent des mouvements sociaux dans les milieux paysan, indigène, étudiant, et ouvrier. Dans des sociétés post-conflit telles que la Colombie et le Pérou, et dans celles qui ont connu des dictatures militaires coordonnées et financées par les Etats-Unis dans les années 1960-1970, principalement le Chili, le Brésil et l’Argentine, ces mouvements sociaux sont criminalisés par les forces étatiques et les moyens de communication dominants. De la même manière, dans des pays à l’économie dynamique, le Mexique par exemple, la criminalisation de la contestation sociale atteint un niveau très élevé de violence de la part de l’Etat, comme dans le cas du massacre et de la disparition de 43 étudiants de Ayotzinapa en 2014. Dans ce sens, nous verrons aussi la manière dont s’articulent les supposés processus de paix et de réconciliation, avec la mise en œuvre de politiques néolibérales. Nous nous intéresserons également aux pays de la “vague rose” comme la Bolivie, le Vénézuéla et l’Équateur – qui ont voulu proposer une alternative au néolibéralisme et faire front à l’hégémonie des Etats-Unis – et à leur capacité à joindre développement économique et social dans le cadre d’une économie post-capitaliste.

Pour les raisons exposées ici, la réflexion sur la réalité vibrante de l’Amérique Latine s’avère tout à fait nécessaire, et nous invitons chercheurs, artistes et militant.e.s à participer à ce colloque.

Un résumé de 300 mots en français ou en espagnol et une brève bio seront envoyés pour le 15 mars 2018 à l’adresse: colloqueamlatlehavre2018@gmail.com

 

Esp

¿Qué políticas económicas y sociales hoy en América Latina?

El desarrollo y la madurez macroeconómicos alcanzados por América Latina están comprobados. Así, según el último informe de la Comisión Económica para América Latina y el Caribe (CEPAL/ Naciones Unidas, 2017), se prevé un crecimiento económico del 2% en la región para el 2018, gracias al dinamismo de México, Brasil, Colombia y Argentina. Este impulso se debe también al aumento del comercio a escala mundial y del repunte en los precios de las materias primas exportadas (debido en parte al aumento del gasto militar de los Estados Unidos que requieren para aquello metales como el cobre, el plomo y el zinc). Además, comparado con el 2017, habrá un mayor aporte de la inversión extranjera en las manufacturas de las economías dominantes, en las energías renovables de Perú, Brasil, Chile y México, en la minería de metales y otros recursos naturales en varios países, y en el turismo en América Central. Por otro lado, la CEPAL comunicó que “a los gobiernos de la región les falta una sensación de urgencia en el sentido de que la tecnología es un tren que ya arrancó y esta región está muy atrasada en ese ámbito…La región tiene que subirse a la revolución de los materiales, a la revolución de la nanotecnología, de la biotecnología y de la tecnología digital”.

Sin embargo, es aún pertinente preguntarse hasta qué punto los gobiernos latinoamericanos conectan crecimiento económico con bienestar y justicia social. ¿Acaso el aumento de la recaudación tributaria y de la capacidad de gasto de los gobiernos que derivan del crecimiento va acompañado de una buena gestión de los recursos en vista de una mejor calidad de vida de los y las ciudadano.as en términos de acceso a salud, educación y vivienda (con luz y agua)? Además, si crecimiento significa mayor producción, por lo tanto aumento del empleo, ¿cómo se explica que la tasa de desempleo urbano fue del 9,4% en el 2017? según la CEPAL (2017).

Añadiremos que en los países latinoamericanos donde se implementan políticas neoliberales, la industria de extracción minera y de recursos naturales como la madera de construcción, están en manos de transnacionales cuyos intereses son protegidos y defendidos por el estado del país donde invierten. Esto se da a través de una fuerte represión policial y militar contra los y las ciudadanos.as que se organizan colectivamente para impedir tal extracción, como ocurrió por ejemplo en Cajamarca (Perú), a raíz de la desaparición de lagos naturales (por la alta necesidad de agua que tienen las empresas mineras), de la confiscación de las tierras habitadas por poblaciones locales, y de la contaminación de las aguas que provoca enfermedades graves en los niños, niñas, mujeres y hombres, pero también en los animales que pertenecen a las comunidades campesinas.

Brasil es el país más peligroso de América Latina para los indígenas que defienden sus tierras y el medioambiente, seguido de Perú (Global Witness, 2014). Desde el 31 de agosto 2016, fecha en la cual la presidenta Dilma Roussef fue destituida sin base legal, 76 personas fueron asesinadas en la amazonia brasileña a raíz de conflictos sobre la tierra (Comissão Pastoral da Terra (CPT) & Rede Eclesial Pan-Amazônica (REPAM), 2017). Entre 2002 y 2014, 57 personas fueron asesinadas en Perú, donde el 80% de esos crímenes se dan en el sector extractivo, con 40 muertos en una década, mientras que entre 2012 y 2014, 5 hombres indígenas de la tribu Ashaninka murieron en la Amazonía peruana por querer impedir la tala ilegal. De la misma manera, en 2014, un indígena Shuar de Ecuador perdió la vida por oponerse a la explotación de oro y cobre. Cabe señalar que ante esta situación, las transnacionales canadienses, norteamericanas y europeas están vendiendo sus empresas a compañías chinas cuyas inversiones están en aumento en la región. Además, las fuerzas de seguridad estatales tienen aseguradas su impunidad en caso de que tengan que usar la violencia contra ciudadanos fundamentalmente pacíficos.

Esas guerras asimétricas entre una ciudadanía humillada, y estados que se preocupan por defender los intereses de las grandes transnacionales en detrimento del medioambiente y de las poblaciones más pobres de América Latina, corresponden a un orden neoliberal y una colonialidad del poder (Quijano, 2007). Aquí, el crecimiento económico está desprendido del bienestar social, y las élites económicas y políticas defienden intereses propios de acuerdo a políticas impuestas por el Fondo Monetario Internacional (FMI) y el Banco Mundial con el fin de reducir el rol del estado.

Esto se expresa también en la privatización del sector salud, educación, y empleo, lo cual implica una feminización de la pobreza, siendo las mujeres las más afectadas. Los llamados conflictos sociales abundan en la región, y van creciendo movimientos sociales en todos los sectores, sea campesino, indígena, estudiantil y obrero. En sociedades post-conflicto como Colombia y Perú, y en las que conocieron dictaduras militares coordinadas y financiadas por EEUU en los años 1960 y 1970, léase, entre otras, Chile, Brasil y Argentina, estos movimientos sociales se ven criminalizados por las fuerzas del estado y los medios de comunicación dominantes. De la misma manera, en países con economías dinámicas, México por ejemplo, la criminalización de la protesta llega a altos niveles de violencia del estado, recuérdese el caso de la matanza y desaparición de 43 estudiantes de Ayotzinapa en 2014. En este sentido, veremos también de qué manera se articulan los supuestos procesos de paz y reconciliación con la implementación de políticas neoliberales. Nos interesaremos también en los países de la « marea rosada » -como se está denominando a aquellos que han propuesto una alternativa al neoliberalismo haciendo frente a la hegemonía de EEUU- Bolivia, Venezuela y Ecuador, y en su capacidad de conectar desarrollo económico y social.

Por las razones aquí en síntesis expuestas, consideramos de cabal necesidad reflexionar respecto a la vibrante realidad de América Latina, e invitamos a la comunidad académica, artistas y militantes a participar con sus propuestas en esta convocatoria.

Un resumen de 300 palabras en francés o en español y una breve bio deberán llegar para el 15 de marzo 2018 a la siguiente dirección: colloqueamlatlehavre2018@gmail.com

Lieu / Lugar del coloquio

Université Le Havre Normandie, Francia.

Date / Fecha

11-12 de octubre 2018

Comité d’organisation / Comité organizador

Susana Bleil (Université du Havre) ; Cindy Cevallos (Université de Cadix) ; Roxana de Filippis (Université du Havre) ; Anouk Guiné (Université du Havre) ; Lissell Quiroz (Université de Rouen) ; Hélène Rabaey (Université du Havre) ; Nadia Tahir (Université de Caen)

Bibliographie / Bibliografía

  • BRUM, Eliane. « Renca: A Amazônia não é nossa. O governo Temer e a bancada ruralista do Congresso estão empenhados em transformar a maior floresta tropical do mundo em propriedade privada de poucos« . El País BrasilOpinião, 02/08/2017.
  • CASTILHO, Alceu Luis. Partido da terra. São Paulo: Contexto, 2012.
  • CEPAL/Naciones Unidas. Estudio Económico de América Latina y el Caribe. La dinámica del ciclo económico actual y los desafíos de política para dinamizar la inversión y el crecimiento. Santiago: Naciones Unidas, 2017.
  • Comissão Pastoral da Terra (CPT) & Rede Eclesial Pan-Amazônica (REPAM). Atlas de Conflitos na Amazonia, 2017.
  • GLOBAL WITNESS. Peru’s Deadly Environment, 2014.
  • OCMAL (Observatorio de Conflictos Mineros de América Latina). Conflictos mineros en América Latina: extracción, saqueo y agresión. Estado de situación en 2016. Edición 2017.
  • QUIJANO, Anibal. « ‘Race’ et colonialité du pouvoir ». Mouvements, n°51, 2007.
  • WORLD RAINFOREST MOVEMENT. Minería, militarización y criminalización de la protesta social en América Latina, Boletín  215,  Montevideo, 13 julio 2015.