La question du fondement et de l’unité de la morale chez Jean-Jacques Rousseau
Soutenance de thèse de M. Bruno Nedelec
« La question du fondement et de l’unité de la morale chez Jean-Jacques Rousseau »
Jury :
- Emmanuel Faye (Université de Rouen Normandie ; directeur de thèse)
- Florent Guénard (ENS-Ulm ; pré-rapporteur)
- Gabrielle Radica (Université de Lille 3 ; présidente du jury et pré-rapporteuse)
- Nicolas Rialland (Université de Rouen Normandie)
Résumé : Le projet de notre étude s’enracine dans un constat : alors que les multiples travaux sur Rousseau portent sur ses textes autobiographiques, politiques, anthropologiques, religieux, esthétiques voire ses préoccupations scientifiques, ses réflexions morales n’ont pas ou peu été l’objet d’études systématiques. Or, nous sommes partis de l’hypothèse que l’interrogation morale constituait l’un des centres si ce n’est le cœur même de son œuvre.
Plus précisément, procédant à partir d’une interrogation sur la nature de l’homme, cet être à l’origine naturel en même temps susceptible de se dénaturer en s’écartant de la règle de la nature, Rousseau en est venu à déployer et à explorer une série de possibilités pour que l’homme échappe à ce processus historique de dénaturation, autant dans l’ordre social que dans l’ordre moral. S’il se montre pessimiste sur les conditions de réalisation d’un ordre politique conforme aux principes du droit politique énoncé dans le Contrat social,il développe les conditions d’une éducation morale dans son ouvrage qu’il a toujours considéré comme le plus achevé :l’Émile. C’est dans ce texte que le projet moral transparaît clairement. Surtout, son auteur souligne que le fondement de la morale n’est pas à situer dans l’amour de soi, qui n’est qu’un principe naturel, mais dans l’ordre de la nature. La lecture de l’Émile et d’autres textes conduit à poser que le fondement ultime de la morale est Dieu lui-même. L’amour de soi, expression de la bonté humaine, n’est que l’expression de la nature ou de Dieu qui parle en nous lorsque nous écoutons la conscience.
En regardant l’interrogation morale comme centrale dans la philosophie de Rousseau, nous tentons de rendre manifeste l’unité à l’œuvre dans des écrits en apparence hétérogènes, que ce soient ses œuvres autobiographiques ou celles valorisant l’existence de l’homme naturel, les concepts d’ordre et de la nature, les rapports entre vertu civique et vertu morale, la place de la croyance religieuse.