La motivation des toponymes dans une langue ancienne : l’exemple du grec

Date : 14 décembre 2021
Horaire : 16h30-18h00
Lieu : Lien zoom : https://us02web.zoom.us/j/88245030514

Alain Blanc

Université de Rouen-Normandie, ÉRIAC

Dans les langues modernes, il y a des toponymes motivés, c’est-à-dire dont on peut trouver la structure et le sens par rapprochement avec des mots du lexique (La Courneuve, la Nouvelle-Orléans, Montréal, toponymes composés formés avec le second élément -ville, etc.), et des toponymes immotivés. Ceux-ci peuvent être formés avec de vieux mots de la langue (Le Blanc-Mesnil, etc.), qui sont sortis hors d’usage, ou bien il peut s’agir de toponymes de substrat, qui appartenaient à d’autres langues. Ainsi, en français, il y a beaucoup de noms de villes qui remontent au gaulois (Paris, Poitiers, Limoges, Rennes, etc.), d’autres qui viennent d’autres langues (Bordeaux < Burdigala : mot ibère ? Marseille < Massalia : ressemble au grec, mais ne semble pas s’expliquer par le grec).

Dans les langues anciennes, on observe fondamentalement la même situation et on étudiera donc 1) des formes motivées qui s’expliquent par le lexique grec, 2) des formes immotivées parce que le mot correspondant a disparu du grec, 3) des formes immotivées qui sont vraisemblablement des formes de substrat, appartenant originellement à d’autres langues.

Nous nous intéresserons particulièrement à deux formes de motivation : les noms d’île en -nêsos et les localités désignées par un adjectif dérivé qui indique la présence de certains végétaux ou certains animaux. Nous réfléchirons aussi aux moyens de retrouver la motivation de noms qui sont de souche grecque, mais qui sont synchroniquement démotivés : la ville de Méthoni, en grec ancien Méthônê, qu’on expliquera en comparant un nom moderne comme Le Havre, et le nom de la ville de Durrës en Albanie actuelle, qui s’est appelée en grec ancien d’abord Épidamnos, puis Dyrrhachion.