La Guerre civile : de l’idéalisation à la réconciliation

Date : 11 juin 2012
Lieu : Maison de l’Université - Salle divisible nord

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Descriptif

Notre journée d’études est le terme et la conclusion d’un travail de quatre années consacré à la notion de Guerre civile, mené sous la forme d’un séminaire qui a réuni des chercheurs de l’ERIAC et d’autres universités, et d’une première journée d’études le 14 juin 2010. Au terme de ce travail d’abord consacré à la définition même de la Guerre civile et à la difficulté que pose l’identification des cas de Guerre civile, s’agissant de scissions que les camps en présence cherchent souvent à dissimuler, nous avons retenu deux notions pour la journée d’études finale :

– Guerre Civile et idéaux : une Guerre Civile nécessite la délimitation d’une nouvelle frontière, à l’intérieur d’une collectivité juridique qui se pensait jusqu’alors, au moins officiellement, comme une unité. Le déchirement que s’impose cette collectivité, allant potentiellement jusqu’à la violence la plus extrême, paraît impossible sans la mise en oeuvre d’idéalisations massives dans chacun des deux camps. Celles-ci rendent supportable la rupture ; par ailleurs elles servent à justifier ou à encourager les violences que chacun peut et doit à présent exercer. Le surgissement de ces idéalisations nous semble pouvoir faire l’objet d’études intéressantes, car ces phénomènes posent la question des clivages latents, y compris au sens psychanalytique, qui traversent collectivités et individus, et celle des causes qui rendent désormais impossible la métabolisation ordinaire de ces clivages.

– Guerre Civile et retour à la paix : souvent, une Guerre Civile s’achève sans rupture juridique. La collectivité initiale est reconstituée. Les moyens qui permettent tant bien que mal la fin des violences et la reprise des relations de droit entre camps et entre individus sont également un champ d’études prometteur. Il semble que, selon la nature des idéaux mis en oeuvre pendant la Guerre Civile, il est plus ou moins facile aux différents camps et aux différents individus de renoncer à la violence. Il existe, par exemple dans l’antiquité romaine, des cas où une Guerre Civile semble cesser sans suite, sans persistance marquée des antagonismes auxquels elle a donné lieu, peut-être parce que les idéaux mis en oeuvre ne renvoyaient pas à des identifications significatives chez les individus. Ce point est encore à étudier. La gestion par les autorités rétablies et par les personnes concernées de leurs anciens idéaux mortifères nous paraît pouvoir constituer le thème de recherches comparatives fructueuses.

Notre travail s’oriente donc non plus vers la définition d’un épisode de Guerre Civile – les critères qui permettent de décider qu’une crise est une Guerre Civile – mais vers les idéaux qui font obstacle à la reconnaissance d’un épisode comme Guerre Civile, tout en facilitant la montée de la violence, et vers le traitement qui est fait a posteriori de ces idéaux, dans la conclusion et la remémoration.

Programme

>> programme (pdf)

9 h 30
Philippe Torrens (Paris), « Rome 43-31 avant Jésus-Christ :
pourquoi risquer sa vie pour Antoine ou pour Octavien? »

10 h 10
Tony Gheeraert (Université de Rouen, CEREDI), « ‘L’aigle abattait
l’aigle’, ou il faut savoir arrêter une guerre civile : Cinna de Corneille »

Pause

11 h 00
Stéphane Jettot (Université de Paris IV), « Préserver l’identité
aristocratique dans la guerre civile : le cas des gentlemen jacobites
(1689-1714) »

11 h 40
Aline Vauchelle (Université de Rouen, ERIAC), « Les Reflexiones
politicas sobre el estado actual de España (1834), ou le carlisme, bouclier
du ‘vrai’ peuple espagnol contre le parti de l’étranger »

14h30
Sandrine Lascaux (Université du Havre, GRIC), « Comment raconter
la guerre civile espagnole – Éléments d’une poétique de la négation dans
Les lances rouillées de Juan Benet »

15h10
Serge Buj (Université de Rouen, ERIAC), « La guerre d’Espagne,
guerre civile emblématique »

Pause

16 h 00
Jean-Claude Métraux (Lausanne), « Émergence de la guerre et
construction de la paix: le rôle des deuils collectifs »

16 h 40
Stéphane Valter (Université du Havre, GRIC), «Revendications
politiques et légitimité religieuse : la guerre civile en Syrie »