Corps, normes, genre : discours et représentations de l’Antiquité à nos jours

Date : 14 juin 2019
Horaire : 09h30-18h00
Lieu : Maison de l'Université | Salle divisible Nord | Mont-Saint-Aignan

Cette journée d’étude organisée par Catherine Baroin et Anne-Florence Gillard-Estrada vient clore l’année 2018-2019 du séminaire de l’ERIAC “Corps, normes, genre : discours et représentations de l’Antiquité à nos jours” (Programme 2).

PROGRAMME

09h30Accueil des participants.

10h00Catherine Baroin et Anne-Florence Gillard-Estrada (Université de Rouen Normandie, ERIAC) : Bilan du séminaire et présentation de la journée d’étude.

10h30Constance Faure (doctorante à l’Université de Rouen Normandie, ERIAC) : « Le corps grotesque féminin : déconstruction du corps, de la norme et du genre dans A Beautiful Young Nymph going to Bed de Jonathan Swift (1731) ».

11h05Christelle Ha Soon (doctorante à l’Université de Rouen Normandie, ERIAC) : « Maxine Hong Kingston : une écriture hors-norme ».

11h40Pauline Doucet (doctorante à l’Université de Rouen Normandie – ERIAC) : « Référent cinématographique, archétype et avatars de la féminité dans la Bomba de San José, d’Ana García Bergua ».

12h15Déjeuner

13h45Hamidou Richer (docteur en Littérature grecque, ERIAC) : « Méléagre de Gadara et sa couronne de garçons ».

14h20Florence Gherchanoc (Professeur d’Histoire grecque à l’Université Paris-VII Diderot) : « Les hétaïres, des athlètes au féminin ? »

14h55 Paola Pacifici (docteure en philosophie) : « Altérité anatomique. L’art contemporain à l’épreuve de la matière organique ».

15h30Pause

15h45Caroline Trech (Université de Rouen Normandie, Département d’Anglais, ERIAC) : « Homosexualité masculine indienne : corps, genre et norme au cinéma ».

16h20Pietro Milli (Université de Rouen Normandie, Département de musicologie, GRHis) : « Voix de femmes : les normes sociales à l’épreuve de la création musicale italienne des années 1960-1970 ».

16h55 Camille Bera (Université de Rouen Normandie, GRHis) : « Le Metal extrême : entre volonté de puissance, hyper-masculinité et violence sonore ».

17h30Conclusions et fin de la journée

RÉSUMÉS

Constance Faure, « Le corps grotesque féminin : déconstruction du corps, de la norme et du genre dansA Beautiful Young Nymph going to Bedde Jonathan Swift (1731) »
Véritable contre-blason qui satirise la poésie pastorale et pétrarquisante,  A Beautiful Young Nymph going to Bed  fait partie des four offensive pieces de Jonathan Swift (1667-1745) qui continuent de choquer les lecteurs. Pourtant, l’auteur y dresse le portrait grotesque d’une prostituée de Londres dont l’immoralité et les artifices ne sont que le produit du regard que la société britannique du XVIIIe siècle porte sur les femmes. L’étude de ce poème d’un point de vue thématique et stylistique nous permettra de souligner la relation entre la représentation grotesque du corps féminin et la remise en question des normes littéraires et sociales.

Christelle Ha Soon, « Maxine Hong Kingston : une écriture hors-norme »
Cette présentation a pour objectif de montrer en quoi les deux premières œuvres de Maxine Hong Kingston, The Woman Warrior: Memoirs of a Girlhood Among Ghosts (1976) et China Men (1980), présentent les corps asiatiques comme hors-norme, défiant ainsi les préjugés de la société américaine de l’époque, notamment par l’introduction de « nouveaux corps » tels celui de la femme-guerrière. Par la création de nouvelles images corporelles dans son écriture, cette dernière devient à son tour un corps scriptural hors-norme dans le genre littéraire autobiographique.                                                                                                                    

Pauline Doucet, « Référent cinématographique, archétype et avatars de la féminité dans laBomba de San José, d’Ana García Bergua »
La estrella de cine Selma Bordiú, personnage central de La Bomba de San José, semble incarner La Femme idéale. Cependant, nous verrons que l’évolution grotesque de la figure de l’actrice ainsi que les références au monde du cinéma, loin d’affirmer l’existence d’une essence féminine, suggèrent de manière humoristique l’instabilité et l’inauthenticité des modèles de genre et la part de théâtralité inhérente à toute « identité féminine ».

Hamidou Richer, « Méléagre de Gadara et sa couronne de garçons »
En termes de poésie érotique, l’élégie, l’épigramme et la poésie bucolique antiques adoptent trois stratégies génériques différentes : l’élégie romaine s’adresse à une maîtresse privilégiée (Délie pour Tibulle, etc), la bucolique décrit des bergers amoureux, tandis que l’épigramme met en scène une maîtresse ou un amant nouveaux dans chaque poème. Cette dernière caractéristique s’explique par l’histoire même du genre épigrammatique, car les épitaphes et les dédicaces mettaient en scène un défunt ou un dédicant nouveaux dans chaque inscription.
Dans sa célèbre Couronne, qui crée la notion même d’anthologie, Méléagre de Gadara (début du Ier siècle avant J.-C.) inaugure une nouvelle ère de l’épigramme, car il pratique le retour d’un certain nombre de ses amants et de ses maîtresses : son œuvre occupe donc une position intermédiaire entre l’épigramme et l’élégie. Dans cette communication, nous commencerons par opérer un recensement de ses amants (paides) et de ses maîtresses (parthenoi), afin de déterminer leur répartition au sein du recueil ; on s’interrogera sur les différentes activités qu’ils/elles pratiquent, afin de déterminer lesquelles sont jugées féminines ou masculines ; enfin on se demandera pourquoi Méléagre de Gadara a recours à l’image métapoétique de la couronne pour ses amants, et non pour ses maîtresses.

Florence Gherchanoc, « Les hétaïres, des athlètes au féminin ? »
Une série de vases attiques d’époque classique figure des femmes nues aux corps bien ciselés et athlétiques. Qui sont ces femmes ? Quel discours sur la beauté leur corps « sportif » au féminin propose-t-il ?

Paola Pacifici, « Altérité anatomique. L’art contemporain à l’épreuve de la matière organique »
Le corps est omniprésent dans les images de la contemporanéité : objet médiatique, médical et, bien sûr, objet artistique. À travers l’analyse d’un corpus d’œuvres qui font référence directe à la dimension organique et anatomique, nous réfléchirons aux normes sociales et culturelles qui définissent et mettent en cause le corps contemporain et les valeurs qui y sont traditionnellement attachées.

Caroline Trech, « Homosexualité masculine indienne : corps, genre et norme au cinéma »
L’homosexualité est synonyme de transgression en Inde. Considérée comme un crime passible de la prison à vie, c’est seulement le 6 septembre 2018 que la cour suprême indienne a pris la décision historique de dépénaliser l’homosexualité. Parmi la communauté homosexuelle indienne, le cas des hijras ou transsexuels, semble être particulièrement paradoxal. Avoir un corps d’homme et une âme de femme est à la fois vu comme une malédiction et une bénédiction en Inde. Les hijras inspirent tantôt la crainte, tantôt le respect, elles ne sont ni des hommes, ni des femmes mais font partie intégrante de la société indienne. De par la longue tradition cinématographique indienne, il paraissait opportun d’analyser les représentations de l’homosexualité à l’écran à travers des films indiens et leur transformation dans certains films hybrides britanniques.

Pietro Milli, « Voix de femmes : les normes sociales à l’épreuve de la création musicale italienne des années 1960-1970 »
Notre intervention portera sur un triptyque d’œuvres musicales ‒ Folk Songs (1964) de Luciano Berio, La Passion selon Sade (1965-1966) de Sylvano Bussotti et Per Massimiliano Robespierre (1974) de Giacomo Manzoni ‒ qui questionnent de différentes façons la conception de la femme, telle qu’elle existe dans l’Italie de l’après-guerre. Il s’agira notamment de situer ces œuvres dans leur contexte de création et d’étudier les enjeux esthétiques qu’elles mobilisent en relation à des problématiques inhérentes aux normes du genre.

Camille Bera, « Le Metal extrême : entre volonté de puissance, hyper-masculinité et violence sonore »
Nous nous proposons, dans cette communication, d’aborder la question du genre dans le courant musical Metal extrême, descendant du Heavy Metal. Pour ce faire, nous tenterons une approche musicologique des notions d’hyper-masculinité, de puissance et de violence sonore au sein des trois genres constitutifs de ce courant : le Death Metal, Le Black Metal et le Thrash Metal. Ainsi, nous serons amenés à considérer les manifestations musicales, scéniques et iconographiques caractéristiques de ces trois genres.