Appel à contribution « Tourisme de mémoire(s) »

Cette journée se tiendra fin janvier 2019 à l’université de Rouen-Normandie

Le Figaro 2014

Cette journée d’études aura pour objectif de mener une réflexion commune sur la notion « tourisme de mémoire(s) » dans les différentes aires culturelles / langues ainsi que dans les différentes disciplines (histoire culturelle, littérature, médias, économie et management, politique, etc.). C’est un sujet qui se situe à la croisée de l’histoire, de la culture, de l’économie et d’aspects symboliques et politiques. Nous pourrions donc approcher ce phénomène au pluriel, en tant que « tourisme de mémoires » qui s’inscrit dans la notion de « mémoires et conflits » de l’ERIAC.

Lors de la journée d’études, il s’agira d’abord de mener une réflexion commune sur les concepts et les terminologies dans les différentes langues / aires culturelles, car beaucoup d’expressions circulent (tourisme de la mémoire, tourisme du souvenir, Dark Tourism, Thanatourism, Remembrance Tourism, Erinnerungstourismus, Gedenktourismus, turismo de cementerio, turismo negro, turismo fúnebre, etc.) et elles n’ont pas les mêmes significations et connotations.

On réfléchira également sur la notion de « tourisme » dans un contexte de violence et de souffrance ‒ une définition en tant qu’activité de détente, est-elle tenable ? ‒, ainsi que sur les diverses catégories de lieux de mémoire impliqués, comme par exemple un champ de bataille, une région de batailles, un camp de concentration ou de déportation, la résidence d’une personne (victime, bourreau, écrivain, etc.), un cimetière, un lieu en lien avec l’esclavage, un ancien lieu de résidence personnelle ‒ « retour au pays natal », un mémorial, un monument, etc. La question se pose donc de la sélection ou du tri des sites et matériaux retenus par les autorités nationales ou territoriales concernées[1], puisqu’il s’agit de différencier entre « le négligeable à effacer » et « le mémorable » à conserver, voire même à instaurer[2].

Étant donné qu’au sein de l’ERIAC, nous avons la possibilité de rassembler les points de vue de différents pays, il sera intéressant d’analyser les dimensions politiques et institutionnelles de cette forme de tourisme (par exemple dans le contexte de l’amitié franco-allemande) ainsi que la dimension socio- et interculturelle. Dans quelle mesure ce tourisme peut-il constituer une forme de « médiation » entre les nations ? (Tourisme de mémoire en Normandie, ‚reenactments’, par exemple). Comment fonctionnent les réseaux européens et internationaux qui se constituent à partir de politiques mémorielles divergentes ou convergentes dans les pays concernés, par exemple pour la mémoire de la Première Guerre mondiale en cette période de commémoration du centenaire ? : « La Grande Guerre, nouveau moteur de l’industrie touristique ? […] Le tourisme du deuil est-il un tourisme comme un autre ? […] La Grande Guerre constitue-t-elle un atout touristique et économique ? »[3]

Et quid des quatre objectifs définis par Atout France relatifs au tourisme de mémoire en France, c’est-à-dire 1) témoigner des événements passés, 2) expliquer et mettre en perspective les événements, 3) contribuer à la réflexion des générations futures, 4) favoriser le développement économique des territoires ?[4]

Les contributions pourraient s’articuler autour des axes suivants :

  • Dimension économique Les enjeux économiques du tourisme mémoriel, les stratégies de marketing des sites mémoriaux – différentes langues = différentes représentations ? Groupes ciblés, etc.) ; analyse de prospectus de voyage, agences de voyage, guides de voyage, etc.
  • Dimension (inter)culturelle
  • Dimension symbolique, institutionnelle et politique (niveaux nationaux et internationaux)
  • Dimension locale La Normandie p. ex. : Quelles sont les mémoires, parmi toutes celles possibles, que le tourisme en Normandie privilégie ? Quelle est la carte du « tourisme de mémoire » normand, combien d’époques différentes inclut-elle ? Creuser la dimension historique au sens propre, comme par exemple le tourisme au XIXe siècle en Normandie ?[5]
  • Dimension pédagogique d’un site mémoriel
  • Dimension artistique Discours littéraire, artistique, cinématographique
  • Dimension postcoloniale Un élargissement vers les territoires d’outre-mer serait également envisageable, en appliquant une perspective postcoloniale pour regarder de plus près le tourisme de mémoire émergeant dans les anciennes colonies.
  • Dimension médiatique, discours journalistique
  • Dimension pédagogique La thématique du tourisme de mémoire ouvre des passerelles entre recherche et enseignement, particulièrement en Normandie. Une réflexion sur des projets envisageables sera donc la bienvenue (dimensions économiques et culturelles, marketing, dimensions littéraire et comparatiste, etc.). Dans les meilleurs des cas, une insertion professionnelle pourrait en résulter.

Des études de cas sont les bienvenues. Il serait souhaitable qu’elles soient encadrées / accompagnées d’une réflexion plus générale sur les notions de base et la terminologie.

Suites possibles : Une publication des contributions est envisageable. Ce projet de recherche s’inscrit pleinement dans les activités de notre équipe. Il pourra aussi fédérer des chercheurs d’autres laboratoires de notre université, ainsi que ceux d’autres institutions en France ou à l’étranger. De plus, les structures publiques culturelles, comme les offices de tourisme, les musées et mémoriaux, les cinémas, les théâtres, etc., voire les établissements scolaires, seront autant de partenaires potentiels de ce projet.

INFORMATIONS PRATIQUES

Date limite de réception des projets de communication: 30 septembre 2018 à Sonja Malzner (sonja.malzner@univ-rouen.fr)

NOTES

[1] Cf. F. Choay : Le De re aedificatoria et l’institutionnalisation de la société. Patrimoine : quel enjeu de société ? L’évolution du concept de patrimoine. Saint Etienne : Publications de l’Université de Saint Etienne 2006.
[2]  Cf. D. Poulot : « Le patrimoine et les aventures de la modernité », in : D. Poulot : Patrimoine et modernité. Paris : L’Harmattan 1998.
[3] « Tourisme et première guerre mondiale », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 15 décembre 2015, http://calenda.org/350669
[4] Cf. Atout France : Le tourisme de mémoire en France : mesure et analyse du poids et des retombées économiques de la filière. Paris : Atout France 2012.
[5]  Citation Miguel Olmos.