Adaptations en séries télévisées anglophones des romans pour la jeunesse / Adapting Children’s and Young Adult Novels into Anglophone Television Series

Colloque international de GUEST Normandie

International Conference by GUEST Normandie

Université de Rouen Normandie, 5-6 septembre 2019
Rouen Normandy University, 5-6 September 2019

APPEL À COMMUNICATIONS | CALL FOR PAPERS

Dans le cadre du projet « Séries télévisées : enjeux de genre, relations avec les autres arts et valorisations numériques », l’équipe de GUEST saison 2 organise les 5 et 6 septembre 2019, en partenariat avec l’ÉRIAC (Équipe de Recherche Interdisciplinaire sur les Aires Culturelles), un colloque sur les adaptations anglo-saxonnes en séries télévisées de romans pour la jeunesse.

Les adaptations de fiction pour la jeunesse en séries télévisées existent depuis fort longtemps, en particulier dans le monde anglo-saxon (The Famous Five, ITV, 1978-9, The Chronicles of Narnia, BBC, 1988-90, The Borrowers, BBC 2, 1992…), s’inscrivant logiquement dans la continuité de l’existence ancienne de pratiques sérielles dans cette littérature. Ce « principe de prolifération des récits qui se déclinent d’un média à l’autre » prolongeant la tendance traditionnelle de l’édition pour la jeunesse à créer des « produits médiatiques hybrides », livres-jouets ou livres-CD et autres objets dérivés (Letourneux 2011 : § 5) contribue lui-même à renforcer la visibilité des œuvres originales.

Cette tradition d’adaptation des romans au petit écran, qui a notamment fourni à la BBC une part importante de sa programmation pour la jeunesse, en particulier jusqu’aux années 1990 (Messenger Davies 2005 : 131), a été réactivée par l’engouement actuel pour les séries. Ce phénomène de « sériephilie » (Glevarec 2012) explique la tentative d’élargissement d’un public déjà conséquent vers la catégorie des young adults ou grands adolescents, s’adressant de plus en plus à de jeunes consommateurs friands de produits culturels médiatiques — un public de material child[ren] (Buckingham 2011) peut-être plus sensible encore que le public adulte au processus de réitération, à la relation qui se crée avec des personnages, des univers connus.

La légitimation accrue des récits pour la jeunesse depuis quelques décennies et le succès commercial qui a accompagné quelques grands phénomènes d’édition bien connus au tournant du XXIe siècle ont confirmé l’inscription de cette production dans la culture de masse et dans le processus de marchandisation qui l’accompagne (Zipes 1997 & 2001, Taxel 2002). Une telle massification a eu pour effet de faire de la littérature pour la jeunesse une des sources privilégiées à laquelle viennent puiser le cinéma tout autant que les séries télévisées aujourd’hui. Comme le rappelle Matthieu Letourneux, « les films à destination de la jeunesse ont encore massivement recours à la littérature, et […] les gros succès de la littérature pour la jeunesse voient leurs droits presque systématiquement rachetés par les éditeurs » (2017 : 384) dans une logique de « polyexploitation » du récit de fiction (Ferrier 2009).

Le succès actuel des séries adaptées de romans pour la jeunesse semble constituer à maints égards un prolongement logique de l’adaptation cinématographique d’ensembles romanesques, de la bit lit (littérature sentimentale vampirique) à la dystopie (ou contre-utopie) en passant par la fantasy, dont le nombre de pages incite à une « expansion » fictionnelle (Besson 2015) de nature exponentielle.[1] Il sera intéressant d’étudier la façon dont ces séries pour la jeunesse viennent réactualiser l’original ou les premières adaptations (comme dans le cas de la série à nouveau adaptée des Famous Five d’Enid Blyton en 1995-96 par Tyne Tees Television), prolonger le succès d’un ensemble romanesque, voire concurrencer des adaptations cinématographiques déjà existantes. C’est le cas par exemple des 13 tomes de A Series of Unfortunate Events de l’Américain Lemony Snicket (1999-2006), romans qui revendiquent une sérialité héritée du feuilleton victorien, adaptés au petit écran pour Netflix depuis janvier 2017, après le film de Brad Silberling en 2004. Ou encore de la trilogie His Dark Materials (1995-2000) de Philip Pullman, dont seul le premier tome a été adapté au cinéma, sous le titre américain The Golden Compass (2007), et dont la diffusion de la première saison en série télévisée – après une adaptation radiophonique et une adaptation théâtrale en 2003 – va commencer en 2019 sur BBC 1.[2]

Cette problématique a déjà été abordée au sein d’une réflexion plus large sur les programmes télévisés et les séries destinés aux enfants et aux adolescents, mais il s’agira de se pencher non pas sur la culture d’enfance et de jeunesse en général, mais sur le processus d’adaptation à l’œuvre dans le passage du livre destiné aux jeunes lecteurs vers la série télévisée. Que révèle cette évolution d’un phénomène d’adaptation quasi-systématique au cinéma des classiques de la littérature pour la jeunesse à celui, existant presque depuis les débuts de la télévision couleur mais particulièrement florissant aujourd’hui, de l’adaptation de ces livres sous formes de séries télévisées ? Ces séries constituent-elles simplement l’extension d’un phénomène qui caractérise la culture adulte ? Ou existe-t-il une spécificité du processus d’adaptation lorsqu’il s’adresse à un jeune public ? Le changement de support apporte-t-il des éléments nouveaux au récit romanesque initial ? Les modalités de visionnage des séries pour la jeunesse (seul, en famille ou avec des amis ; sur téléphone portable, sur ordinateur ou sur grand écran ; en différé ou en binge watching) ont-elles une incidence sur le processus d’adaptation ? Les séries opèrent-elles une réorientation vers un public cible appartenant à une catégorie d’âge différente ou élargie, jouant par exemple sur la nostalgie des téléspectateurs adultes et la centralité actuelle de la jeunesse ? Certains genres sont-ils plus fréquemment adaptés que d’autres ? Les séries reflètent-elles la distinction, mise en lumière en littérature par Anne Besson (2004 & 2009), entre « séries » purement répétitives (du type Club des 5) et « cycles » s’inscrivant dans le temps (du type Harry Potter) et la prévalence actuelle des seconds sous l’effet de l’explosion de la littérature young adult ? Les ensembles romanesques déjà caractérisés par un processus sériel sont-ils plus adaptés au petit écran que les autres ? La série a-t-elle parfois pour objet de ramener le jeune public à la lecture ? En quoi cette remédiation des romans va-t-elle favoriser un approfondissement et une complexification de l’univers fictionnel d’origine et conduire les spectateurs à un réinvestissement du texte source (drilling : Mittell 2015) ?

Toutes ces questions, et d’autres, pourront être abordées lors du colloque, qui se concentrera sur les adaptations en séries anglo-saxonnes de romans anglophones ou non, que ces séries soient animées ou en prises de vue réelles. Les séries ayant donné lieu à des novellisations pourront aussi être étudiées.

Les propositions de communication (400 mots maximum), en français ou en anglais, accompagnées d’un titre et d’une brève notice bio-bibliographique, sont à envoyer avant le 20 mai 2019 à Florence Cabaret (florence.cabaret@univ-rouen.fr) et à Virginie Douglas (virginie.douglas@wanadoo.fr).

 

[1] On songera aux 8 films sur lesquels a débouché l’adaptation de l’heptalogie Harry Potter de J.K. Rowling. À quand une série télévisée Harry Potter ?

[2] Cet autre grand phénomène éditorial britannique du tournant du siècle, après l’adaptation tronquée de Chris Weitz au cinéma, est désormais décliné sous forme de série télévisée à partir d’une adaptation de Jack Thorne, connu pour avoir co-écrit avec J.K. Rowling et John Tiffany la pièce Harry Potter and the Cursed Child (2016).

Following up on its research programme exploring audiovisual serial fiction as narrative, aesthetic and ideological works of art, present on an ever-increasing number of platforms, the research project GUEST Season 2 is organizing on the 5th and 6th of September 2019, in partnership with the research laboratory ÉRIAC (Équipe de Recherche Interdisciplinaire sur les Aires Culturelles), an international conference dedicated to Anglophone television series adapted from children’s and Young Adult novels.

Serialised television adaptations of children’s literature have existed for quite some time, especially in the English-speaking world (The Famous Five, ITV, 1978-9; The Chronicles of Narnia, BBC, 1988-90; The Borrowers, BBC 2, 1992, …), providing a logical continuation to the tradition of episodic fiction by novelists writing for children and young adults. The “principle of the proliferation of narratives moving from one medium to another” is itself a natural extension of the growing trend in the world of youth literature publishing to create “hybridised transmedia products”, such as toy books or CD books and other by-products (Letourneux 2011 : § 5), a practice which contributes to showcasing the existence of the original works.

Such a tradition of novel adaptations for the small screen, which formed a substantial part of BBC programmes for young spectators, in particular up to the 1990s (Messenger Davies 2005: 131), has recently been rekindled by the contemporary craze for TV series of all kinds. The trend for « sériephilie » (Glevarec 2012) may account for the growing tendency to cater for an even wider audience by targetting young adults or mature teenagers, and attracting younger consumers who are more and more seduced by transmediated cultural products — all the more so as these material child[ren] (Buckingham 2011) may be more prone than adult viewers to enjoy repetition and to feel connected to familiar characters and worlds.

Children’s literature itself has been increasingly promoted as a legitimate field of study over the past decades, and the commercial success which crowned the publication of certain huge best-sellers at the turn of the 21st century has definitely integrated children’s literature into the bulk of mass culture production as well as into its subsequent process of commodification (Zipes 1997 & 2001, Taxel 2002). Because of such a massive market expansion, children’s literature has become a privileged source of inspiration for the writing of scripts for the big screen, and today for the small screen too. As Matthieu Letourneux explains, “the majority of films meant for young spectators are based on literary narratives and the copyrights of children literature’s biggest hits are systematically bought by publishers” (2017 : 384) with a view to making the most of the “multi-exploitation” of the fictional story (Ferrier 2009).

The current boom of children’s literature being turned into television series appears to be the continuation of the phenomenon of film adaptations based upon serialised novels, whether we think of fantasy, of “bit lit” (vampire romances) or of dystopian (i.e. counter-utopian) fiction, whose impressive number of pages seem to call out for such innumerable forms of fictional “expansion” (Besson 2015).[1] It would therefore be interesting to study series for young viewers which tend to update either the source text or the very first film or TV adaptations (as was the case with Tyne Tees Television’s new adaptation of the Famous Five by Enid Blyton in 1995-96), to perpetuate the success of a series of novels, or to compete with formerly groundbreaking film adaptations of those very same novels. We might think for example of the 13 books of A Series of Unfortunate Events by American writer Lemony Snicket (1999-2006), who clearly connected his novels with the tradition of the Victorian serial narratives. These novels have been adapted by Netflix and broadcast on its streaming platform since January 2017, after Brad Silberling made a film out of the 23 volumes in 2004. We might also refer to Philip Pullman’s His Dark Materials trilogy (1995-2000), whose first book only was adapted for the big screen as The Golden Compass (2007), the US version of the book’s title, but whose first television season will be released by BBC1 in 2019. This follows a radio adaptation as well as a stage adaptation in 2003.[2]

If such questions have already been addressed within the larger context of television programmes and series intended for children and teenagers, our aim with this conference is not so much to ponder on childhood and youth culture in general but to focus rather on the adaptation process at work in the shift from book to small screen. What can we infer from this evolution from children’s classics being almost systematically adapted for the cinema to children’s classics being almost systematically adapted for television? Can we say that these series appropriating children’s literature are a mere expansion of a phenomenon that is already characteristic of adult culture? Or should we say that there exists a specific adaptation process when target spectators are young spectators? Does the change of medium contribute to introducing new material in the source narrative? Can the way young viewers watch these series have an influence on the process of adaptation (depending on whether they watch these programmes alone, with their family or with friends, whether they use their mobiles, their computers or a big home screen, and whether they binge-watch the episodes in one night or in a few days, or watch them at various paces)? Do some series try to target a wider and older audience, playing on the nostalgia of adult spectators and the obsession for youth in contemporary anglophone cultures? Are some genres more frequently adapted than others? Do television series testify to the difference made by Anne Besson concerning literature (2004 & 2009) between strictly repetitive “series” (as with The Famous Five) and “cycles” (as with the Harry Potter cycle) whose narratives are framed by the passing of time and the transformation this entails? Is the current predominance of the « cycle » type a consequence of the recent boom of young adult literature? Can we say that sequences of novels tend to be more frequently adapted to the small screen than stand-alone novels? Can watching a series bring some viewers back to the source novel? How can such a remediation of novels result in the densification and complexification of the original fiction world, leading spectators to reinvest and reappraise this original universe through “drilling” (Mittell 2015)?

All these questions, and others, may be addressed in papers focusing on animated or live-action adaptations of children’s and Young Adult novels into anglophone television series. Television series having given rise to novelisations may also be part of the chosen corpus.

Paper proposals (400 words maximum), in French or in English, including an explicit title and a short bio-bibliographical notice, should be sent before the 20th of May 2019 both to Florence Cabaret (florence.cabaret@univ-rouen.fr) and to Virginie Douglas (virginie.douglas@wanadoo.fr).

[1] We may think of course of the 8 films adapted from J.K. Rowling’s 8 volumes of Harry Potter. When shall we be able to watch a television adaptation of the Harry Potter cycle?

[2] After Chris Weitz’s curtailed adaption of Pullman’s trilogy for the big screen, we are to expect a television adaptation based on a script written by Jack Thorne, who has already co-written the stage text Harry Potter and the Cursed Child (2016) along with J.K. Rowling and John Tiffany.

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