Sensations, sentiments, cognition : quel invariant pour ‘feel’

Résumé

Cette contribution se donne pour objectif d’examiner le prédicat feel et ses particularités sémantiques. Feel est originellement lié à l’origine au toucher et conserve, encore aujourd’hui, cette signification physiologique. Malgré tout, il possède de nombreuses autres acceptions et peut ainsi être défini comme « To perceive, be conscious » par les sens, que ce soit celui du toucher ou non, ou encore par « To be conscious of (a subjective fact); to be the subject of, experience (a sensation, emotion), entertain (a conviction) » (Oxford English Dictionary). Feel renvoie donc aux sensations, aux émotions et sentiments, et à la pensée (« think or believe that something is the case », Oxford Advanced Learner’s Dictionary).

Certaines significations sont liées à la perception tactile, d’autres à une perception dont les récepteurs sont difficiles à identifier ; d’autres sens, enfin, renvoient à un acte intellectuel. Est-il possible de dégager un invariant à tous ses emplois ou a-t-on plutôt affaire à un gradient qui permettrait de passer d’un sens à l’autre ? L’idée originelle de toucher a-t-elle complètement disparu des significations les plus abstraites ? Que traduit cette origine de la conceptualisation des sentiments, des émotions et de la pensée ?

Pour répondre à ces questions, nous nous appuyons sur des exemples authentiques tirés du Corpus of Contemporary American English et du Web. Ceux-ci nous conduisent à examiner les collocations formées, les contextes d’apparition du verbe et à comparer, notamment feel et des constructions ou formulations qui paraissent proches sémantiquement (feel + adjectif et be + adjectif ; feel + nom et have a/the feeling of ; feel + adjectif et feel + nom).

Nous chercherons à démontrer que le système de l’anglais permet de mettre en évidence l’unité des sensations, sentiments et pensées.


Les auteures

Stéphanie BÉLIGON est maître de conférences en linguistique anglaise à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée. Ses recherches portent sur des questions de sémantique et de morphologie, concernant en particulier la négation et l’expression des émotions et des sentiments, notamment dans une perspective contrastive (anglais-français).

Valérie BOURDIER est maître de conférences en linguistique anglaise à l’Université Paris-Est Créteil. Ses recherches en linguistique énonciative et contrastive (anglais-français) portent sur l’élaboration de l’inter-subjectivité, notamment à travers l’étude des marqueurs de modalité, ainsi que sur la dynamique de construction du sens en constructions nominales et adjectivales.


Première édition

Stéphanie BÉLIGON et Valérie BOURDIER (2022) « Sensations, sentiments, cognition : quel invariant pour ‘feel’ », dans La linguistique du signifiant. Approches et domaines d’application., José VICENTE LOZANO (éd.), Collection linguistique Épilogos, 7, Rouen, Publications Électroniques de l’ERIAC, p. 167-196.

ISBN : 978-2-919501-08-3


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Pour citer l’article

Stéphanie BÉLIGON et Valérie BOURDIER, « Sensations, sentiments, cognition : quel invariant pour ‘feel’ »,
Epilogos, 7, 2022,
La linguistique du signifiant. Approches et domaines d’application.

© Publications Electroniques de l’ERIAC, 2022.
URL : http://eriac.univ-rouen.fr/sensations-sentiments-cognition-quel-invariant-pour-feel/


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