La théorie de l’adaptation dans les études filmiques

Date : mardi 9 avril 2013
Horaire : de 16h30 à 18h30
Lieu : salle du CETAS (A506)

Intervenants : Shannon Wells-Lassagne (Université de Bretagne-Sud) et Laurent Mellet (Université de Bourgogne)
Séance du séminaire « Du texte à l’image, de l’image au texte : Histoire, Théories et Pratiques » (http://eriac.univ-rouen.fr/seminaire-texte-image/)

La théorie de l’adaptation est une discipline encore jeune dans les études filmiques, ce qui peut paraître paradoxal étant donné le statut important de l’adaptation dans la pratique cinématographique : le texte littéraire a toujours été une source importante d’inspiration à la fois narrative et parfois même technique (comme en témoigne la célèbre association entre les techniques de montage de Sergei Eisenstein et de Charles Dickens). Les raisons de cette nouveauté relative de la discipline sont pourtant directement liées à la popularité de sa pratique. Alors que l’adaptation d’autres médias (notamment le texte littéraire, mais aussi la radio, les jeux vidéos, des parcs d’attractions, etc.) permet souvent aux cinéastes de s’assurer à la fois un public acquis, une renommée due au statut des textes-sources, et une certaine richesse de la trame narrative, elle peut également sous-entendre un rapport hiérarchique de dépendance entre le texte écrit et le cinéma. Cette possible dépendance remet en cause le terme même de septième art.

André Bazin était un des premiers grands défenseurs de l’adaptation, notamment avec son essai « Pour un cinéma impur : défense de l’adaptation », et dans la période postmoderne, où l’hybridité capte l’attention tant du grand public que du milieu universitaire, la théorie de l’adaptation commence justement à prendre ses titres de noblesse, grâce aux ouvrages des auteurs comme Kamilla Elliott, Linda Hutcheon, Thomas Leitch, et Robert Stam.

Alors que tous s’accordent pour dire que “le livre était bien meilleur”, la théorie de l’adaptation s’efforce d’aller au-delà de la simple comparaison évaluative du rapport entre le texte et l’image filmique. En effet, l’étude du texte source et de son adaptation filmique permet de mieux saisir la place du public, les différences sémiotiques et esthétiques entre les deux médias, et la complexité du processus de création (tant littéraire que filmique). Dans cette intervention, nous nous efforcerons de faire un « état des lieux » à la fois de l’adaptation et de la théorie de l’adaptation, et de souligner son intérêt pratique pour le travail universitaire, qu’il s’agisse des concours ou de la recherche.

Laurent Mellet est maître de conférences en littérature britannique du XXe siècle à l’Université de Bourgogne (Dijon). Avec Shannon Wells-Lassagne, il est l’auteur de Étudier l’adaptation filmique – Cinéma anglais, cinéma américain (PUR, 2010). Il a publié L’Œil et la voix dans les romans de E. M. Forster et leur adaptation cinématographique (PULM, 2012). Avec Sophie Aymes-Stokes, il a dirigé le volume In and Out – Eccentricity in Britain (CSP, 2012). Il dirige le numéro 2012 de la revue électronique Textes et contextes, consacré aux littératures du début des XXe et XXIe siècles. Il a écrit de nombreux articles sur la littérature anglaise moderniste et contemporaine et sur l’esthétique filmique (Forster, Ishiguro, Smith, McEwan, Coe, Amis, Frankenstein, Slumdog Millionaire, Atonement). Sa recherche porte sur les stratégies d’écriture de la littérature anglaise contemporaine, sur la théorie de l’adaptation cinématographique, et sur les interactions possibles entre écriture, esthétiques littéraire et filmique, et idéologies politiques.

Shannon Wells-Lassagne est maître de conférences en littérature britannique et adaptation filmique à l’Université de Bretagne Sud (Lorient). Avec Laurent Mellet, elle est l’auteur de Étudier l’adaptation filmique – Cinéma anglais, cinéma américain (PUR, 2010). Avec Ariane Hudelet, elle est éditrice de De la page blanche aux salles obscures (PUR, 2011) et de Screening Text – Critical Perspectives on Film Adaptation (McFarland, à paraître). Elle est auteur de nombreux articles sur Elizabeth Bowen, Graham Greene, et Ford Madox Ford, ainsi que sur des adaptations filmiques (The Picture of Dorian Gray, Double Indemnity, Jane Eyre, Mansfield Park, Vanity Fair, The French Lieutenant’s Woman, Adaptation) et des séries télévisées (The Office/Le Bureau, Community, True Blood, Game of Thrones). Ses recherches portent prioritairement sur le rapport intermédial (surtout texte-image) et l’autoréférentialité postmoderne (littéraire, filmique, télévisuelle).