Écrire la philosophie au quotidien : Propos d’Alain, Journal métaphysique de Marcel, Cahiers de Valéry

Date : Vendredi 16 mai 2014
Horaire : 9h-18h
Lieu : Maison de l’Université, Salle divisible Nord

Journée d’étude organisée par N. Depraz et P. David avec le soutien d’E. Faye et de A. Hourcade en collaboration avec l’Institut Alain, Les amis d’Alain et Les amis du Musée Alain et de Mortagne, l’Association G. Marcel et le Centre international d’étude de la Philosophie française (ENS, Paris)

Contact : natalie.depraz@univ-rouen.fr

La présente journée se situe dans le cadre d’un projet de recherche centré sur la figure d’Alain et de son inscription dans la philosophie française, dans l’histoire du début du XXème siècle à la fois locale et globale, dans le paysage de l’écriture philosophique contemporaine, ainsi que dans sa réception littéraire dans les pays européens limitrophes. Cette quatrième journée prolonge une première rencontre organisée le 10 avril 2012 à l’université de Rouen et consacrée à « Alain et l’enseignement de la philosophie », puis deux autres journées qui ont eu lieu respectivement le 11 septembre 2012 et le 19 novembre 2013, dédiées à « Alain et la philosophie française » et « Alain et les philosophes face à la Grande Guerre ».

Notre « propos » dans le cadre de cette rencontre du 16 mai prochain consiste cette fois à croiser le regard porté sur les Propos d’Alain avec deux autres écritures philosophiques, celle de Gabriel Marcel, notamment dans son Journal métaphysique (1927) et celle de Paul Valéry, en particulier dans ses Cahiers. Pourquoi cette comparaison ? On a affaire avec ces trois types d’écrits à des formes inhabituelles d’expression philosophique, et ce sera l’occasion d’examiner comment la pensée philosophique s’y formule et en ressort éventuellement modifiée, affectée. Ce qui rassemble ces trois formes littéraires, c’est tout à la fois leur caractère quotidien et personnel, « en première personne » : on pourra se demander si la philosophie, rompant ainsi avec la forme de la systématique ou de l’argumentation logique, en devient moins soucieuse d’universalité, ou si celle-ci se trouve reconquise par d’autres moyens.

Le choix de ces trois auteurs, qui appartiennent à un même moment historique de l’écriture de la philosophie française — Alain (1868-1951), G. Marcel (1889-1973), P. Valéry (1871-1945) — n’est pas anodin. En effet, G. Marcel publie un compte rendu élogieux de l’ouvrage de Alain, Les idées et les âges à sa parution en 1927, Alain découvre la poésie de Valéry en 1923, le rencontre en 1927 lors d’un déjeuner rendu célèbre par H. Mondor en 1952 dans un article de la NRF, écrit dans les marges de Charmes et commente la Jeune Parque du poète quelques années plus tard, lequel correspond amicalement avec l’auteur des Propos. Plus avant, la Nouvelle Revue Française les réunit bien souvent nos trois auteurs dans les années 30, que ce soit pour annoncer des parutions, publier des comptes rendus ou des extraits d’ouvrages. Mais au delà de cette communauté conjoncturelle, l’occasion nous est donnée avec ces trois formes littéraires peu canoniques que sont le propos, le journal et le cahier de mettre au jour une conjonction philosophique peut-être plus essentielle, celle où l’exercice de la notation au jour le jour confère à la pensée prise sur le vif une qualité exemplaire d’incarnation.

Programme
Matinée (10h30-12h30)
Ouverture (10h30-11h) :
Miguel Olmos (dir. ERIAC) ; Didier Chollet (Vice Président UR pour la Recherche)
Présentation de la journée : Pascal David
Présidence : Claudine Pouloin (pressentie)

Françoise Tenant, « Quelques réflexions sur le Journal dans une perspective génétique » (11h-11h15)
Yvon Inizan, « Circonstances de l’écriture et unité du livre » (11h15-12h15)
Je livrerai quelques réflexions autour de la distinction que marquent deux formules : « faire un livre » et « en faire un livre » ; seule la seconde formule, sans doute (mais c’est à interroger), caractérise le projet des « propos » d’Alain ou du « journal métaphysique » de Gabriel Marcel. La forme n’apparaît-elle qu’après coup ? Je tenterai de livrer quelques remarques, par conséquent, sur le lien entre la discontinuité d’une écriture se faisant, au gré de la circonstance, et l’unité des « propos » et du « journal », telle que cette unité se donne au lecteur – et à l’auteur (comment ?) – du fait de l’édition du livre, mais sans doute, également, du fait du temps qui a passé.
Répondant et discussion : Patrick Attali (12h15-12h30) 

Après-midi (14h-16h45)
Présidence : Philippe Fontaine
Julien Farges, « Les Cahiers de Paul Valéry : entre anonymat et narcissisme » (14h-15h)
Cette contribution se propose d’interroger le caractère philosophique des Cahiers de Valéry. Alors que ce dernier n’a cessé de se défier de la philosophie et de ses prétentions systématiques, il a consigné quotidiennement dans ses Cahiers une réflexion en acte ne se restreignant à aucun champ thématique prédéfini et croisant constamment la philosophie. Après avoir cerné la spécificité « littéraire » de cette écriture réflexive, (si ce n’est philosophique) en la mettant en perspective avec les Propos d’Alain et le Journal métaphysique de Gabriel Marcel, cette étude cherchera ensuite à montrer qu’elle prend tout son sens à condition d’être rattachée à la question éminemment philosophique de la définition du « moi », qui est à la fois le véritable foyer et le but de l’entreprise valéryenne.
Répondante et discussion : Anne Voscaroudis (pressentie)

Natalie Depraz, « Des écritures philosophiques en première personne : la pensée piquée au vif de son incarnation » (15h30-16h30)
Propos, Journal et Cahiers offrent des formes inhabituelles d’expression philosophique : une occasion nous est ici donnée d’examiner comment la pensée philosophique s’y formule et en ressort éventuellement modifiée, affectée. Ce qui rassemble ces trois formes littéraires, c’est en effet tout à la fois leur caractère quotidien et personnel, « en première personne ». On pourra se demander si la philosophie, rompant ainsi avec la forme de la systématique ou de l’argumentation logique, en devient moins soucieuse d’universalité, ou si celle-ci se trouve reconquise par d’autres moyens. Bref, on tentera de mettre au jour une conjonction philosophique peut-être plus essentielle, celle où l’exercice de la notation au jour le jour confère à la pensée prise sur le vif une qualité exemplaire d’incarnation.
Répondant et discussion : Pascal David (16h30-16h45) 

Programme PDF : Programmeecrituresphilosophiques
Lien Audio-vidéo : https://webtv.univ-rouen.fr/channels/#2014-journee-detudes-ecritures-philosophiques-au-quotidien